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Tempo 76

Mathilde Monnier

création au festival montpellier danse 07

Pour cette création, je souhaite m'appuyer sur une forme très repérée dans l'histoire de la danse et de la musique : l'unisson.
Cette forme chorégraphique toujours en vigueur, suscite chez le spectateur un sentiment de fascination. Elle se retrouve aujourd'hui encore appliquée à des fins spectaculaires au service de manifestations diverses, militaires ou paramilitaires, défilés, parades mais aussi carnavals, ballets classiques, opérettes et opéras, revues, chorus-line (majorettes, pom-pom-girls). Je me souviens que dans les années 80, au moment de l'explosion de la danse contemporaine en France, elle représentait pour la communauté de la danse une forme relativement taboue mais néanmoins assez utilisable pour produire des effets spectaculaires de fin de spectacle. Elle était en train de mourir et de disparaître comme forme glorieuse au profit d'une déconstruction et d'une autre organisation de l'espace.
 

Le ballet classique à travers « le corps de ballet » continue de faire un usage constant de cette forme dans un but bien particulier : celui de mettre en exergue l'une ou l'autre de ses étoiles ou solistes afin de déployer une force de représentativité spectaculaire et accumulative. Le ballet Hollywoodien des années 50 (à travers les girls) a aussi déployé cette technique du surnuméraire pour produire des effets de girls clonées aux mensurations toutes semblables, censées représenter le ou les canons de beauté de l'époque (images de ballets aquatiques ballets de Busby Berkeley, d'Esther Williams etc…).
 

L'unisson, tel que je l'imagine dans ce projet, sera abordé sur un mode critique mais aussi jubilatoire. Cette idée d'unisson ne serait pas seulement en soi un mode dansé mais serait développée au service d'une géographie spatiale, d'un espace à construire ou à détruire (des êtres unis dans un dispositif commun) où le sujet serait en interrelation avec son environnement, où l'espace serait à l'unisson du geste. En conséquence surgiront un ensemble de questions et de relations qui sont à l'œuvre entre sujet et environnement. Notre lien avec l'environnement est-il un mirage, une constante illusion ?
Le danseur, en partie avalé par l'espace qui l'entoure, jouera de cette ambivalence à figurer parfois une singularité ou bien un élément faisant partie d'un tout, d'un ensemble qui le constitue.
La chorégraphie se construira autour d'une production de gestes, allant du minimal au gigantisme. La mise en abîme de l'unisson comme forme sera explorée par une permanente reconfiguration qui se rapprochera d'une partition musicale et qui générera sa propre mécanique poétique.
 

L'idée de ce projet est de réinterpréter une forme esthétique délaissée afin de la réinterroger, de la détourner de son contexte initial et de l'emmener dans une démarche aventureuse porteuse de sens. Comme écriture chorégraphique, elle sera portée par tous sans hiérarchie car déviée et détournée de son but spectaculaire.
 

Pour renforcer cette idée d'unisson de gestes et de mouvements, il y aurait comme un commentaire en direct, sorte de contrepoint joyeux qui permettrait soit de préciser une action en train de se faire (par effet de loupe) ou au contraire de la décaler dans le temps (par effet de dissociation). Le dispositif sonore pourrait prendre des allures de surveillance qui placerait le sujet au centre d'un contexte, d'un lieu, d'un environnement tantôt hostile tantôt amical.
 

Dans son ensemble, le projet musical autour du compositeur hongrois Ligeti sera traité sur un mode léger. Musique et scénographie formeront un ensemble poétique que je souhaite relier à un univers faussement naturaliste, sorte de reconstruction d'un paysage jardin, mise en scène artificielle d'une nature maîtrisée.
 

Nous vivons maladroitement à l'unisson du monde. Nous tentons de nous raccrocher au rythme d'un monde qui nous dépasse, par l'écart, par le décalage, le recadrage, l'idiorythmie, l'arythmie. Nous tentons de nous adapter à un environnement de plus en plus hostile, de plus en plus rapide, de moins en moins appréhendable et perceptible dans son sens. Il s'agit d'en être les témoins et d'intimer un acte dans la matière, de chercher des points d'entrées possibles.


date de mise à jour 19 janvier 2011

Monnier, Mathilde

De pièce en pièce, Mathilde Monnier déjoue les attentes en présentant un travail en constant renouvellement.

Sa nomination à la tête du Centre chorégraphique de Montpellier Languedoc-Roussillon en 1994 marque le début d'une série de collaborations avec des personnalités venant de divers champs artistiques.

De la plasticienne Beverly Semmes au philosophe Jean-Luc Nancy ou en passant par la cinéaste Claire Denis, Mathilde Monnier ne cesse de repousser les frontières pour nourrir un travail qui est expérience avant toute chose.

La création musicale occupe une place de choix à travers des collaborations très variées qui touchent autant aux musiques savantes que populaires : le jazzman Louis Sclavis, les compositeurs David Moss et Heiner Goebbels, le platiniste virtuose eriKm.

Elle s'appuie aussi bien sur la musique de la rockeuse P.J. Harvey que sur l'univers pop en rose du spectacle 2008 vallée qu'elle co-signe avec le chanteur Philippe Katerine dans un final en beauté à la Cour d'honneur du festival d'Avignon 08.

Fascinée par l'idée de l'unisson elle crée le bucolique Tempo 76 au festival Montpellier Danse 07 sur la musique de Gyôrgy Ligeti.

En février 2008, elle accepte la commande de l'Orchestre Philharmonique de Berlin dirigé par Simon Rattle et chorégraphie l'Opéra Surrogate Cities de Heiner Goebbels. Plus de 130 amateurs sur scène participent à cet opéra centré sur la ville et les rapports de pouvoir qui s'y opèrent. La même année, elle présente au festival Montpellier Danse 08 le burlesque duo Gustavia dans lequel elle se met en scène au côté de la performeuse espagnole La Ribot.

En 2009, Mathilde Monnier s'intéresse à La Mort du cygne à travers une pièce, Pavlova 3'23'', qui travaille l'idée d'une danse de la fin.

En 2010, c'est en étroite collaboration avec le peintre Dominique Figarella que Mathilde Monnier signe la pièce Soapéra, puis elle rend hommage à Merce Cunningham au travers du spectacle Un américain à paris.

En 2011, Mathilde Monnier crée Nos images avec le chorégraphe Loïc Touzé et l'écrivain Tanguy Viel, une pièce autour du cinéma.

Elle recrée avec Jean-François Duroure Pudique acide / Extasis au Festival Montpellier danse 11, deux duos créés par les chorégraphes en 1984 et 1985.


Source : Mathilde Monnier


En savoir plus : www.mathildemonnier.com

Urréa, Valérie

Après avoir suivi des cours à l’Ecole nationale Louis Lumière, Valérie Urréa affirme dès 1987 son engouement pour les arts visuels et le spectacle vivant. Documentaires, captations, fictions, de Bruit Blanc à L’Homme qui danse, ses films principalement coproduits par ARTE, interrogent tous des sujets aussi sensibles que l’autisme, la masculinité, ou les questions de la race, à travers des visions artistiques. Plusieurs fois primés, ses films sont régulièrement présentés dans des festivals internationaux. Par deux fois, elle a été artiste invitée à la commission Image Mouvement de la Délégation des Arts plastiques. Parallèlement, elle a enseigné plusieurs années les relations entre images et spectacle vivant à l’Ecole de cinéma de Marrakech (l'ESAV). 


Source : Valérie Urréa

Tempo 76

Direction artistique / Conception : Mathilde Monnier

Chorégraphie : Mathilde Monnier

Interprétation : Yoann Demichelis, Herman Diephuis, Julien Gallée-Ferré, Jung-ae Kim, Natacha Kouznetsova, Maud Le Pladec, I-fang Lin, Éric Martin, Rachid Sayet

Conseil artistique / Dramaturgie : Herman Diephuis

Scénographie : Annie Tolleter

Lumières : Éric Wurtz

Costumes : Dominique Fabrègue, assistée de Laurence Alquier

Son : Olivier Renouf

Production / Coproduction de l'œuvre chorégraphique : production festival montpellier danse 07 / théâtre de la ville - paris / festival d'automne - paris / culturgest - lisbonne / steirischer herbst - graz / la halle aux grains - scène nationale de blois / centre chorégraphique de montpellier languedoc-roussillon remerciements au théâtre des 13 vents - centre national dramatique de montpellier languedoc-roussillon

Production / Coproduction de l'œuvre vidéo : ccnmlr

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