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Danse et performance

2018 - Réalisateur-rice : Plasson, Fabien

Chorégraphe(s) : Mesa, Olga (Spain) Gert, Valeska (Germany) Halprin, Anna (United States) Childs, Lucinda (United States) Monk, Meredith (United States) Monnier, Mathilde (France) Touzé, Loïc (France) Laâbissi, Latifa (France)

en fr
02:31

Carmen/Shakespeare

Ruiz de Infante, Francisco (France)

03:00

Tanzerische pantominen

Gert, Valeska (Germany)

08:46

My lunch with Anna

Halprin, Anna (United States)

03:42

Lucinda Childs

Childs, Lucinda (United States)

03:35

Break

Monk, Meredith (France)

05:07

Gustavia

Monnier, Mathilde (France)

04:19

The chance

Touzé, Loïc (France)

06:04

Adieu et merci

Laâbissi, Latifa (France)

Danse et performance

2018 - Réalisateur-rice : Plasson, Fabien

Chorégraphe(s) : Mesa, Olga (Spain) Gert, Valeska (Germany) Halprin, Anna (United States) Childs, Lucinda (United States) Monk, Meredith (United States) Monnier, Mathilde (France) Touzé, Loïc (France) Laâbissi, Latifa (France)

Auteur : Marie-Thérèse Champesme

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Découvrir

 Présentes depuis plusieurs générations dans le domaine des arts plastiques, aujourd'hui collectionnées et conservées par des musées d'art contemporain, les "performances" sont également programmées dans certains festivals de danse. Arts visuels, musique, poésie, théâtre, danse, les performances croisent tous les domaines artistiques et ont largement contribué à leur hybridation. La performance voit ses formes se multiplier et se renouveler sans cesse. Il est donc difficile voire impossible de la définir précisément ou d’en tracer les limites. Les frontières sont ainsi devenues de plus en plus poreuses entre la performance et la danse contemporaine qui s’est, de son côté, ouverte aux gestes venus d’autres disciplines ou à ceux de la vie quotidienne. On peut malgré tout se demander ce que la performance a fait à la danse ou ce qui, dans certains spectacles, relève de la performance.

Description

Carmen/Shakespeare – Olga Mesa

Le clairon retentit. Sur scène, Olga Mesa règle les projecteurs. Puis, pendant qu’on entend l’air de la Garde montante du Carmen de Bizet, elle va se déshabiller derrière un écran de projection et revient devant les spectateurs, parée seulement d’un éventail qui ne suffit, bien sûr, pas à la cacher. 

Oser s’exposer ainsi, nue devant les spectateurs, oser chanter l’opéra quand on n’est pas cantatrice, oser s’attaquer simultanément à ces deux monstres que sont l’histoire de Carmen et les Sonnets de William Shakespeare. Voilà bien de l’audace ! 

Un danseur sur scène prend bien sûr des risques. Mais il y en a un qu’il évite de prendre : celui du ridicule, même feint. La danse, classique ou moderne, se frotte rarement au burlesque. La performance, par contre, l’assume et même le recherche souvent. Cet « acte pour l’art », se veut déstabilisant : pour l’artiste lui-même, pour le spectateur, et la société qui l’entoure.


Valeska Gert

Revenons un siècle en arrière. Lors des soirées futuristes puis au Cabaret Voltaire, créé par le groupe DADA. Décidés à remettre en cause le spectacle traditionnel et l’objet d’art offert à la commercialisation, des artistes inventent des formes nouvelles, osent le burlesque et sont capables d’autodérision. C’est là sans doute qu’est née la performance. 

Au milieu des années 1920, Valeska Gert, présente dans un cabaret de Berlin des solos provocateurs où elle joue des personnages marginaux. Ses pièces, très courtes, relèvent en effet d’une pantomime expressive où les mimiques, soulignées par le maquillage, ont autant d’importance que les gestes. 

Par les thèmes qu’elle aborde, Valeska Gert heurte les bonnes mœurs bourgeoises et défie en même temps les valeurs idéalistes de la danse académique et la tradition de la ballerine légère et gracieuse. 


My lunch with Anna – Alain Buffard

Dès la fin des années 1940, Anna Halprin réunit dans son atelier des artistes de toutes les disciplines : architectes, plasticiens, musiciens, poètes ou danseurs. Cherchant à libérer le mouvement elle va utiliser l’improvisation et s’intéresser de plus en plus aux gestes ordinaires. Les artistes présents dans son atelier sont invités à effectuer des tâches de la vie courante et à prendre conscience des mouvements qu’accomplit leur corps pour les mener à bien. Pour Anna Halprin, être contraint par une consigne et devoir exécuter une tâche empêche de se reposer sur ses acquis et de s’abandonner à un désir d’expression subjective prétendument artistique. 


Carnation - Lucinda Childs

En 1964, Lucinda Childs présente Carnation à la Judson Church. Elle y incarne simultanément avec humour deux stéréotypes de la représentation féminine : la femme soucieuse de plaire et la ménagère. Ses gestes sont simples mais amplifiés et exécutés de façon extrêmement méticuleuse. Leur lenteur, la précision et le hiératisme de la pose, le silence environnant, l’attention apportée au choix des objets et à leur disposition, tout concourt à donner à cette action incongrue la solennité d’un rituel. C’est le contraste entre la trivialité des objets et le sérieux avec lequel ils sont manipulés qui donne sa dimension burlesque à la performance. 


BREAK – Meredith Monk

Meredith Monk définit aujourd’hui son travail comme de la « performance poetry visuelle et orale ». Pour elle, l’élément fondamental, c’est la voix dont elle cherche à « retrouver la puissance essentielle, primale ».

Elle crée Break en 1964 alors qu’elle est, elle aussi, membre du Judson Dance Theater. Break donne à voir et à entendre le silence : pieds et mains frappés au sol puis rugissements de machines laissent la place à des hurlements silencieux où le visage montre le cri sans qu’on n’entende rien, comme dans un film dont on a coupé le son. Ce qu’on regarde ne correspond pas toujours à ce qu’on écoute et, en plus, chaque élément perçu paraît être le fragment de quelque chose de plus vaste auquel on n’aura pas accès.


Gustavia – Mathilde Monnier et La Ribot

Gustavia est un duo burlesque, résultat de la collaboration entre Mathilde Monnier et La Ribot. Habillées de costumes identiques, coiffées de la même manière, elles y apparaissent comme de fausses jumelles et jouent d’un comique de répétition et d’accidents. Composée comme une suite de sketches, la pièce enchaîne pleurnicheries, fausses scènes de striptease, combats physiques et joutes verbales, acrobaties plus ou moins ratées et donc chutes. 

La pièce laisse une place à l’improvisation. Jouant la rivalité comme la complicité, les deux danseuses se surprennent parfois, introduisent des décalages et se déstabilisent l’une l’autre. La mécanique parfaitement huilée de cette mise en scène de l’échec laisse alors, un bref instant, la place à une fragilité non feinte.

Gustavia évoque-t-elle une femme aux facettes multiples ou une multitude de femmes diverses ? Il y est en tout cas question du jeu que l’on joue, pour soi ou pour les autres, dans la vie ou sur scène. 


La chance – Loïc Touzé

Ce « retournement d’incompétence en compétence » caractérise aussi le solo d’Ondine Cloez dans La Chance de Loïc Touzé : contrastant avec la rapidité, la virtuosité et les vocalises aériennes du chant de Maria Callas, la danseuse vient à l’avant-scène d’un pas lourd, la tête rentrée dans les épaules, le visage enfariné ; elle louche, prend l’air ahuri, tombe en arrière… Ce burlesque-là inquiète plus qu’il ne fait rire. Car c’est l’animalité et l’effroi que nous voyons dans les gestes et le visage de celle qui nous fait face.

Désapprendre, accepter de ne pas tout maîtriser, d’être vulnérable, s’exposer au risque de paraître incompétent et à celui, encore plus grand, de découvrir en soi des territoires inexplorés… En faisant ces choix-là, des chorégraphes comme Loïc Touzé savent qu’ils se situent dans le domaine de la performance.


Adieu et merci – Latifa Laâbissi

Est-ce un homme ou une femme ? Pourquoi marche-t-elle comme un fantôme ? Est-elle possédée ? Devant Adieu et merci, le spectateur se pose de nombreuses questions. Il se demande surtout à quel type de spectacle il a à faire, comment il doit « prendre ça ». Latifa Laâbissi, qui a longuement travaillé avec Loïc Touzé, brouille les pistes entre danse et performance, spectacle et installation. Elle brouille aussi celles de la représentation des genres en portant une barbe. Réflexion sur l’identité, sexuelle ou « nationale », son travail crée souvent une gêne chez le spectateur. Est-ce parce qu’elle ose le grotesque grimaçant et les contorsions, parce qu’elle semble prendre un malin plaisir à s’enlaidir ? On a le sentiment, devant ses spectacles, que quelque chose nous revient en boomerang. Le fait qu’elle travaille sur l’héritage colonial n’y est sans doute pas étranger… 

Approfondir

Ouvrages 

BANES, Sally, LUCCIONI, Denise (trad.). Terspichore en baskets, post-modern dance [Terpischore in sneakers]. Paris : Chiron : Centre National de la Danse, DL 2002, cop. 2002. 310 p.

BRIGNONE, Patricia. Ménagerie de verre, Nouvelles pratiques du corps scénique. Romainville : Al Dante, impr. 2006. 147 p.

GERT, Valeska. Je suis une sorcière – Kaléidoscope d’une vie dansée. Bruxelles : éd. Comlexe ; Paris : Centre national de la Danse, impr. 2004. 260 p. (Territoires de la danse).

GOLDBERG, Roselee, DIEBOLD, Christian-Martin (trad.). La performance, l’art en action [Performance, live art since the 60s]. Paris : Thames & Hudson, 1998. 240 p. 

GOLDBERG, Roselee. La performance, du futurisme à nos jours [Performance art from futurism to the present]. Paris : Thames & Hudson, DL 2001. 232 p. (Univers de l’art ; 89) 

HUESCA, Roland. Danse, art et modernité : au mépris des usages. Paris : Presses Universitaires de France, impr. 2012, cop. 2012. 263 p. (Lignes d’art).

JOUANNAIS, Jean-Yves. L’idiotie : art, vie, politique – méthode. Paris : Beaux-Arts, 2003. 280 p. (Beaux-Arts magazine / livres).

LABELLE-ROJOUX, Arnaud. L’acte pour l’art. Romainville : Al Dante, impr. 2004. 643 p. (Collection et Romainville).

MONNIER, Mathilde, OLISLAEGER, François. Mathilde : danser après tout. Paris: Denoël : Centre National de la Danse, 2013. 175 p. (Denoël Graphic).

RONDEAU, Corinne. Lucinda Childs: temps-danse. Pantin: Centre national de la danse, DL 2013, cop. 2013. 157 p. (Parcours d’artistes).

ROUSIER, Claire (dir.). La Ribot. Pantin : Merz/Luc derycke and co : Centre national de la danse, 2004. 2 vol. (vol. 1: 176 p. ; vol. 2: 120 p.).


Catalogues d’expositions

CAUX, Jacqueline. Anna Halprin : à l’origine de la performance. Catalogue d’exposition, Musée d’art contemporain de Lyon, du 8 mars au 14 mai 2006. Paris : Éditions du Panama ; Lyon : Musée d’art contemporain de Lyon, 2006. 169 p. 

LOISY, Jean de, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle. Hors limites : l’art et la vie, 1952-1994. Catalogue d’exposition (Paris, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle, 9 novembre 1994 - 23 janvier 1995) , 1994. Paris : Centre Georges Pompidou, 1994. 383 p.

MACEL, Christine, LAVIGNE, Emma, Centre Georges Pompidou. Danser sa vie. Art et danse de 1900 à nos jours. Catalogue d’exposition (Paris, Centre Georges Pompidou, 23 novembre 2011 – 2 avril 2012). Paris: Centre Georges Pompidou, 2011. 320 p.


Articles et revues

« La performance au présent », in Mouvement, numéro spécial, n° 73, mars-avril 2014, p. 11-12.

« Performances contemporaines », in Art press 2, numéro spécial, n°18, août-septembre-octobre 2010, p. 20-30.

« Entretien avec Latifa Laâbissi par Alexandra Baudelot », in Journal des Laboratoires d’Aubervilliers, Cahier D : Communautés de pensée et figures toxiques, 2013-2014, p 1-2.

CHEREL, Emmanuelle. « Défigurer la figure » in Journal des Laboratoires d’Aubervilliers, Cahier D : Communautés de pensée et figures toxiques, 2013-2014, p. 3-5.


Sites internet de compagnies de danse

Cie Fuera de Campo/Olga Mesa :  http://www.olgamesa.eu 

Anna Halprin: http://www.annahalprin.org

Lucinda Childs Dance : http://www.lucindachilds.com/

Meredith Monk: http://www.meredithmonk.org

Mathilde Monnier: http://www.mathildemonnier.com/

La Ribot : http://www.laribot.com/

Loïc Touzé : http://www.loictouze.com

Figure Project/Latifa Laâbissi: http://figureproject.com 

Alain Buffard/Association PI : ES : http://www.alainbuffard.eu/fr/

Mouvement.net : http://www.mouvement.net


Émission de radio

GOUMARRE, Laurent. « Le RDV 03/12/12 avec Jean-Marc MASSIE, Loïc TOUZE, le questionnaire du lundi à Madgid HAKIMI et la session de Phoebe Jean & ... » [podcast], in Le Rendez-Vous [en ligne], France Culture, 2012, 50 min. http://www.franceculture.fr/emission-le-rendez-vous-le-rdv-031212-avec-jean-marc-massie-loic-touze-le-questionnaire-du-lundi-a-m

Auteur

Le Centre national de la danse (CN D) est un centre d’art pour la danse. C’est une institution dépendant du ministère de la Culture et de la Communication français et dévolu à la danse sous tous ses aspects : la promotion de spectacles et de chorégraphes, la diffusion de la culture chorégraphique, la création artistique, et la pédagogie.

Générique

Sélection des extraits
Marie-Thérèse Champesme
 

Textes et sélection de la bibliographie
Marie-Thérèse Champesme
 

Production
Maison de la Danse
 

Le Parcours « Danse et performance » a pu voir le jour grâce au soutien du Secrétariat général du Ministère de la Culture et de la Communication - Service de la Coordination des politiques Culturelles et de l'Innovation (SCPCI) 

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