Sanctum et Imago - Alwin Nikolaïs
Sanctum
Solliciter l’imaginaire du spectateur, telle était l’intention d’Alwin Nikolaïs. Le chorégraphe américain créa des spectacles, comme ici Sanctum, dans lesquels la lumière, les costumes, le mouvement dansé et même, la musique, participaient ensemble à l’élaboration de formes en mutation. L’art chorégraphique se conçoit ainsi comme un art total du mouvement. « Je fais de la danse un art visuel autant qu’un art cinétique », disait-il.
Imago
Affublé d’accessoires qui prolongent sa corporéité, dissimulé sous des textiles élastiques servant d’écran mouvant aux projections lumineuses, l’interprète danse en même temps qu’il fait danser l’espace entier de la scène. Le mouvement provient autant des déplacements et gestes des danseurs que des jeux de lumière et effets d’optique qu’ils occasionnent. Il s’en dégage une impression de féérie et de mystère enchanteur. Ce qui valut à Nikolaïs le surnom mérité de « magicien ».
Solo - Philippe Decouflé
Héritier de Nikolaïs, Philippe Decouflé compose des spectacles dans lesquels les techniques d’images participent pleinement à la chorégraphie. Dans cet extrait de Solo, caméra et danseur s’associent pour produire un étonnant pas de deux qui circule entre réel et virtuel, entre plan horizontal et plan vertical. L’image vidéo créée en live en fonction des mouvements du danseur, donne un envol poétique au corps. Elle le démultiplie, le désarticule et le métamorphose en arabesques, en magma kaléidoscopique. Le mouvement se déploie alors dans un espace pluridimensionnel qui reflète aussi les inquiétudes du chorégraphe, traversé de doutes et d’obsessions.
Sans objet - Aurélien Bory
Dans cette séquence du spectacle Sans objet, c’est avec un robot que le protagoniste entame un duo incongru. L’imposant bras articulé, planté au milieu de la scène, semble avoir attiré le jeune homme pour l’emmener dans une danse ralentie, toute en suspensions et déséquilibres. C’est la machine ici qui guide le danseur, et ce dernier, contraint de suivre les mouvements du robot, en profite pour trouver d’autres appuis à sa danse.
Öper Öpis – Zimmermann & De Perrot
De la mécanique, de la machinerie, des objets : la scénographie de Zimmermann et De Perrot en regorge. Dans cet extrait de Öper öpis, le mouvement semble engendré par le sol mobile qui provoque glissages, renversements, déboulés et complexifie les numéros d’équilibriste. L’absence de stabilité, l’oscillation continue du plateau confronte davantage les corps à l’épreuve de la verticalité.
Tout bouge tout le temps, avec une prise de risque permanente. Cela donne lieu à des séquences pleines de drôlerie: un tango avec chaises, des acrobaties de « main à main » transformées en « main à pied ». Car cette scénographie du bancal, du tout de travers, de l’impossible horizontalité renvoie aussi au quotidien des relations humaines, et aux réajustements permanents qu’elles impliquent.
Cavale – Yoann Bourgeois
Acrobate, acteur, jongleur, danseur, Yoann Bourgeois est avant tout joueur. Dans cet extrait de Cavale, les interprètes s’abandonnent à la gravité terrestre. Ils cherchent à atteindre un point de suspension, cet endroit idéal lorsque l’envol d’un corps atteint son apogée et que le chute n’a pas encore débuté. Dans cet état fugace, entre horizontalité et verticalité, se glisse un rêve d’apesanteur.
Kayassine - Les Arts Sauts
La compagnie les Arts Sauts consacra entièrement son projet artistique à l’art du trapèze. Leur souhait était de faire sortir cette technique du seul cadre de la performance pour lui conférer une dimension esthétique, le doter d’une scénographie et d’une dramaturgie. Cette démarche participait du renouveau général du cirque, qui a débuté à la fin des années 80. Le Nouveau Cirque privilégie en effet l’idée d’une œuvre faisant sens, déroulant un propos, plutôt qu’un enchaînement de numéros spectaculaires sans lien entre eux.
Dans cette séquence de Kayassine, les trapézistes s’élancent, se croisent, dialoguent et créent alors une sorte de ballet des airs, rythmé par les musiciens et chanteurs.
Vent d'Autant
Ce duo d’acrobates de la compagnie Vent d’Autan suggère la tendresse d’une balade d’amoureux. Portée par ce « main à main » langoureux qui conduit à l’étreinte, l’artiste féminine ne touche pas terre.
Chacun dans son plan, lui posé sur l’horizon, elle à la perpendiculaire. Ils unissent leurs contraires dans une jolie formule, à la croisée de l’acrobatie et de la danse.