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Le sacre du printemps

Maison de la Danse de Lyon 2004 - Réalisateur-rice : Picq, Charles

Chorégraphe(s) : Maalem, Heddy (Algeria)

Présentée dans la/les collection(s) : Maison de la Danse de Lyon , Saisons 2000 > 2009

Producteur vidéo : Compagnie Heddy Maalem;Maison de la Danse

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Le sacre du printemps

Maison de la Danse de Lyon 2004 - Réalisateur-rice : Picq, Charles

Chorégraphe(s) : Maalem, Heddy (Algeria)

Présentée dans la/les collection(s) : Maison de la Danse de Lyon , Saisons 2000 > 2009

Producteur vidéo : Compagnie Heddy Maalem;Maison de la Danse

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Le Sacre du printemps

C'était une aube, Stravinsky créait Le Sacre Du Printemps, une chose inouïe. On entendit un hymne, une ode à la Nature, la musique d'un monde, la vie, la reverdie. Nous savons maintenant qu'il composa un chant, celui des forces s'alliant du creux de la spirale au noir inéluctable. Printemps après printemps, une guerre a vomi l'autre guerre.
Le vert tendre des feuilles ne dure pas vraiment.
Voici rougir l'aube nouvelle.
On a interprété le Sacre mille fois. Inoubliable et neuve, arrive la même joie brutale, se préparent à jaillir du fond de tous les âges, des premiers temps : une orée, l'alliance des arches, le cri de l'herbe douce recoupée par la faux, l'animal et sa charge, sa battue, un flux roulant dessus et sous la terre, le rythme inexplicable de feux brûlant, la nuit, cette haie de hauts cris étouffant une plainte. La violence inextricable.
Comme l'on aimerait ne pas l'avoir perçue cette prémonition du glas des vieux tambours, leur puissance, leur persuasion vibratile qui confond dans le même : animer puis tuer.
La voici donc notre aube. Elle nous trouve occupés à l'étrange métier qui est de reconnaître les forces nouées ensemble dans les corps : danser… Au même diapason, unis dans la plus grande dysharmonie pour célébrer encore un Sacre. Danser ce qui est mort et qui renaît et qui mourra. Dire le rite, cela qui mêle le mort au vif, l'os à la cendre. Redire ce qu'un homme inscrivit de façon si unique pour célébrer encore le don d'une joie si terrible. En respirer le rythme pour la dernière et la première fois, quand déjà, sur nos yeux, retombera le voile.
Et l'Afrique : un continent tout entier contenu dans l'espace qui sépare le jour qui finit de celui qui commence, une aurore. La fin et le début d'un monde. Un autre monde encore agenouillé quand Stravinsky voit se lever à l'Est, les soleils rouges. Un continent d'où sourd en même temps qu'une promesse : l'épaisse angoisse du printemps.
Une terre qui supporte l'énorme poussée de l'univers, la force du demain bondissant.
Un dernier royaume où marcher.


Source : Heddy Maalem - juin 2003

Maalem, Heddy

Heddy Maalem est plutôt un homme du retrait, un homme du silence. 

Il se méfie des faux-semblants et des petits arrangements avec l'exactitude. A cette image, sa danse est simple, parfois brute, à la recherche d'un ajustement intérieur. Sans enjolivure.
Du plus profond sourd la tension secrète que l'on perçoit dans ses chorégraphies comme dans l'individu. Fils de deux terres, la France - il précise : le Languedoc - et l'Algérie, Heddy Maalem préfère se dire fils de la Méditerranée, cette mer qui tente de combler la béance entre les deux peuples. Quand on pousse sa discrétion dans ses retranchements, Heddy Maalem finit par évoquer un souvenir d'enfance, précis et fondateur : En Algérie, nous vivions dans les Aurès, à Batna. Nous habitions le "village nègre", le quartier des Africains noirs. C'était la guerre. Et on entendait sans arrêt les percussions qui rythmaient les danses de ces immigrés venus du Sud. Pour moi, depuis, la guerre et la danse sont en quelque sorte liées l'une à l'autre.
 

Le chorégraphe est né de cette violence, de cette séparation. Encore est-il né tard, après plusieurs années d'études aux langues O, puis de voyages, quelques métiers, et la boxe, en amateur, jusqu'à vingt-huit ans. La danse, il la croise de façon accidentelle, par l'intermédiaire de l'Aïkido qu'il enseignera de nombreuses années. Immédiatement elle lui apparaît comme « une évidence inattendue ». Une façon de bouger, d'être, qui rejoint des souvenirs personnels, anciens et même ancestraux.
 

Pour avoir vécu le déchirement entre les deux pays dont je suis né, j'ai le sentiment d'être un étranger. En danse, je ne peux emprunter à aucune école existante. Il me faut inventer mon langage, une langue « non marquée ».
Heddy Maalem entame alors une longue recherche sur son propre corps. Il se pose des questions simples : comment et pourquoi bouger ? Comment prendre une impulsion au sol ? Comment courir, marcher ? Peu à peu, le style se forme, d'un mouvement qui part du ventre ou du sol, pour percuter l'espace ou le partenaire, sans lyrisme mais non sans esthétisme, un style épuré mais physique.
Sa démarche mise sur le temps, il travaille le corps comme un poète travaille la langue, pour sa matière. Sa volonté de se démarquer de la frénésie ambiante signe une forme de radicalité.


Source : Site de la compagnie Heddy Maalem  (extrait d'un portrait de Dominique Crébassol)

En savoir plus : heddymaalem.com

Picq, Charles

Auteur, réalisateur et vidéaste, Charles Picq (1952-2012) entre dans la vie professionnelle dans les années 70 par le théâtre et la photographie. Après une reprise  d'études (Maîtrise de Linguistique - Lyon II, Maîtrise des Sciences et Techniques de la Communication - Grenoble III), il se consacre à la vidéo, d'abord dans le champ des arts plastiques à l'Espace Lyonnais d'Art Contemporain (ELAC) et avec le  groupe "Frigo", puis dans celui de la danse.

Dès la création de la Maison de la Danse à Lyon en 1980, il est sollicité pour y entreprendre un travail de documentation vidéo qu'il poursuit toujours depuis. Durant les années 80, marquées en France par l'explosion de la danse  contemporaine et le développement de l'image vidéo, il fait de nombreuses rencontres avec des artistes tels qu'Andy Degroat, Dominique Bagouet, Carolyn Carlson, Régine Chopinot, Susanne Linke, Joëlle Bouvier et Régis Obadia, Michel Kelemenis. Son activité se déploie dans le champ de la création avec des installations et des vidéos en scène, ainsi que dans celui de la télévision avec des spectacles filmés, des recréations et des documentaires. Avec Dominique Bagouet (80-90), la rencontre est particulière. Il documente sa création, l'assiste sur " Le Crawl de Lucien" et co-réalise avec lui les films "Tant Mieux, Tant Mieux" et "10 anges". 

Dans les années 90, il devient le directeur du développement vidéo de la Maison de la danse et œuvre, avec le soutien de Guy Darmet et son équipe, pour une place grandissante de l'image vidéo au sein du théâtre à travers plusieurs initiatives :

   • Il fonde une vidéothèque de films de danse, d'accès public et gratuit. C'est une première en France. Poursuivant la documentation vidéo des spectacles, il en organise la gestion et la conservation.
  •  Il impulse la création d'un vidéo-bar et d'une salle de projection vidéo dédiée à l'accueil scolaire.
  •  Il initie les "présentations de saisons" en image.
  •  Il conçoit l'édition du DVD "Le tour du monde en 80 danses", une vidéothèque de poche produite par la Maison de la Danse pour le secteur éducatif.

   •  Il lance la collection « Scènes d'écran » pour la télévision et le web,  il entreprend la conversion numérique de la vidéothèque et crée Numeridanse.
 

Ses principaux documentaires sont : "Enchaînement", "Planète Bagouet", "Montpellier le Saut de l'Ange", "Carolyn Carlson, a woman of many faces", "Grand Ecart", "Mama Africa", "C'est pas facile", "Lyon, le pas de deux d'une ville", "Le Défilé", "Un Rêve de cirque".
  Il a également réalisé des films de spectacle : "Song", "Vu d'Ici" (Carolyn Carlson),"Tant Mieux, Tant Mieux", "10 anges", "Necesito" et "So Schnell", (Dominique Bagouet), "Im bade wannen","Flut" et "Wandelung" ( Susanne Linke), "Le Cabaret Latin" (Karine Saporta), "La danse du temps"(Régine Chopinot), "Nuit Blanche"( Abou Lagraa), "Le Témoin" (Claude Brumachon), "Corps est Graphique" (Käfig), "Seule" et "WMD" (Françoise et Dominique Dupuy), " La Veillée des Abysses" (James Thiérrée), Agwa »(Mourad Merzouki), Fuenteovejuna (Antonio Gadès), Blue Lady revisted (Carolyn Carlson)…
 

Source : Maison de la Danse de Lyon

Le sacre du printemps

Chorégraphie : Heddy Maalem

Interprétation : Simone Gomis, Hardo Papa Salif Ka, Eveline Gomis, Marie-Pierre Gomis, Marie Diedhiou, Shush Tenin, Serge Anagonou, Awoulath Alougbin, Rachelle Agbossou, Alou Cissé, Niama Diarra, Qudus Onikeku, Kehinde Awaiye, Taiwo Awaiye

Musique additionnelle : Igor Stravinsky, interprétation par le Cleverland Orchestra sous la direction de Pierre Boulez

Costumes : Agathe Laemmel

Son : Benoît De Clerck

Durée : 60'

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