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Les états de corps

2018 - Réalisateur-rice : Plasson, Fabien

Chorégraphe(s) : Moglia, Chloé (France) Ikeda, Carlotta (Japan) Piollet, Wilfride (France) Duboc, Odile (France) Rodrigues, Lia (Brazil) Barata, Ana Rita (Portugal)

en fr
02:56

Rhizikon

Moglia, Chloé (France)

02:56

Waiting

Ikeda, Carlotta (France)

03:32

Wilfride Piollet - Entretien

Piollet, Wilfride (France)

03:00

Dive (Mergulho)

Barata, Ana Rita (Portugal)

02:12

Odile Duboc, une conversation chorégraphique

Duboc, Odile (France)

03:00

Pororoca

Rodrigues, Lia (France)

Maison de la Danse de Lyon 2009 - Réalisateur-rice : Picq, Charles

Chorégraphe(s) : Rodrigues, Lia (Brazil)

Producteur vidéo : Cia de Danças;Maison de la Danse

Vidéo intégrale disponible à la Maison de la danse de Lyon

Découvrir l'œuvre dans la vidéothèque
02:02

Odile Duboc, une conversation chorégraphique

Duboc, Odile (France)

Les états de corps

2018 - Réalisateur-rice : Plasson, Fabien

Chorégraphe(s) : Moglia, Chloé (France) Ikeda, Carlotta (Japan) Piollet, Wilfride (France) Duboc, Odile (France) Rodrigues, Lia (Brazil) Barata, Ana Rita (Portugal)

Auteur : Philippe Guisgand

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Découvrir

 

L’état de corps apparaît comme un mot-valise que l’on retrouve dans de nombreuses disciplines, de la physique au sport en passant par la photographie : selon ces domaines, il est synonyme de stabilité, disponibilité, présence, qualité de mouvement ou manière de considérer le corps et de l’utiliser… En danse, ces différentes conceptions sont à l’œuvre. Mais les états de corps concernent également le spectateur. Cette notion reste flottante et renvoie à un double sens : en dansant, l’interprète est passeur des sensations qui motivent son mouvement ; des sensations qu’à son tour le spectateur est invité à incorporer en entrant en empathie avec ce qu’il voit au plateau. Nous allons développer successivement ces deux points de vue.  

Description

 RhizikonChloé Moglia

En science, un état désigne une configuration stable d’éléments. À propos du corps dansant, parler d’état supposerait donc qu’au cœur d’une dynamique de changement incessant, quelque chose soit stable. Ce « quelque chose » désignerait ce qui déclenche l’envie d’entrer en dialogue avec l’environnement – comme cherche à le faire la trapéziste Chloé Moglia dans son solo Rhizikon en convoquant les souvenirs de son travail à cet agrès.

 WaitingCarlotta Ikeda

Le résultat des heures passées en studio, une sorte de « noyau d’expérience » pour les danseurs, pourrait être assimilé à cette notion d’état. Le butô, danse exemplaire de ce point de vue, souligne l’antériorité de l’imaginaire et des sensations sur la fabrication du geste. Le danseur cherche à retrouver la réminiscence d’expériences marquantes, issues de la danse ou de la vie en général.

 Wilfride Piollet

La danseuse étoile Wilfride Piollet, en évoquant les différentes voies de l’expression de la danse classique à la danse moderne, suggère dans cet extrait que cette notion d’état d’intériorité du danseur n’est pas propre aux danses modernes et contemporaines.

 MergulhoAna Rita Barata

Par ailleurs, les danseurs savent l’influence de l’espace sur le geste : danser en plein air, modifier l’espace de danse par la lumière, ou comme ici changer l’espace de représentation d’une pièce, sont autant de variables pouvant influencer la réalisation du mouvement. En résumé, l’état de corps d’un danseur renverrait à ce mélange d’intentions, de postures et d’émotions – le noyau d’expérience – qui émaille le vécu de l’interprète et se déploierait dans l’instant et l’espace, mais aussi dans la relation à autrui et aux autres conditions particulières à chaque représentation.

 Odile Duboc, une conversation chorégraphique

Danser et regarder la danse sont deux activités distinctes mais qui relèvent en certains points d’une même envie de mouvement. Nous désignerons donc par état de corps l’ensemble des tensions et des intentions qui s’accumulent intérieurement et vibrent extérieurement (état de corps dansant). Ces réflexions montrent que le terme d’« état de corps » recouvre partiellement d’autres notions, toutes aussi imprécises, que l’on trouve dans le champ des arts vivants, telle que « la présence scénique » ou l’interprétation. Utilisés par commodité de langage, ces mots valises, pour peu qu’on s’y intéresse de plus près, révèlent une richesse permettant d’éclairer et préciser les pratiques autour du mouvement.

 PororocaLia Rodriguez

Dans l’extrait précédent, ou Odile Duboc explique se focaliser sur l’expérience sensorielles des danseurs au contact de matériaux pour nourrir sa danse de sensations, le spectateur que nous sommes, reste confronté à la difficulté de dire ce qu’il perçoit réellement. Avec cet extrait, l’impression de mouvement permanent perçu par le spectateur est assez proche de l’intention de Lia Rodriguez, la chorégraphe, qui cherche à restituer le mouvement des bancs de poisson. Comme si le degré de porosité entre le corps du danseur et la perception du spectateur était le résultat de la confrontation de leurs deux corporéités.

Approfondir

Ouvrages

BERNARD Michel, De la création chorégraphique. Pantin : Centre national de la danse, 2001. 270 p. (Recherches - CND). 


BOISSIERE, Anne, KINTZLER, Catherine (eds.). Approche philosophique du geste dansé : de l’improvisation à la performance. Villeneuve d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion, 2006. 206 p.( Esthétique et sciences des arts). 


DAMASIO, Antonio R. L’Erreur de Descartes. La raison des émotions. Paris : éd. Odile Jacob, 1995. 
368 p. (Sciences).

FORMIS, Barbara (ed.). Penser en corps : soma-esthétique, art et philosophie. Paris : L’Harmattan, 2009. 224 p. (L’art en bref). 


LABAN, Rudolph, CHALLET-HAAS, Jacqueline (trad.), BASTIEN, Marion (trad.). La Maîtrise du mouvement. Arles : Actes Sud, 1994. 
275 p. (L’art de la danse).

LOUPPE, Laurence. Poétique de la danse contemporaine. Bruxelles : Contredanse, 2000. 
392 p. (La pensée du mouvement).

MONNIER, Mathilde, NANCY, Jean-Luc. Dehors la danse. Lyon : Rroz, 2001. 
102 p.

PERRIN, Julie. Projet de la matière, Odile Duboc. Dijon : Les Presses du réel / Centre 
national de la danse, 2007. 
207 p. (Nouvelles Scènes).

Articles et revues

RABANT Claude, (ed.). « Etats de corps », in Revue internationale de psychanalyse, n° 5, 
1994. 


SCHULMANN Nathalie. « Le danseur est une personne »[en ligne], in Sens Public, 2005. Disponible sur : http://www.sens- 
public.org/spip.php?article170

Auteur

Philippe Guisgand est professeur des universités en danse à l’Université de Lille. Il est chercheur au CEAC et dirige le programme « Dialogues entre art et recherche ». Il est concepteur d’une voie d’analyse chorégraphique pour laquelle il a développé un parti pris kinésique original (« Réception du spectacle chorégraphique : d’une description fonctionnelle à l’analyse esthétique », Revue STAPS n° 74, automne 2006, 117-130). Il travaille également à mieux cerner les moyens par lesquels les spectateurs rendent compte de leur réception sensible ainsi qu’aux conséquences politiques des débats esthétiques (« Les ateliers du spectateur, fabriques du sensible », Quaderni n° 83, hiver 2013-2014, 59-71). Spécialiste de l’œuvre d’Anne Teresa de Keersmaeker (Les fils d’un entrelacs sans fin, Septentrion, 2007 ; Anne Teresa de Keersmaeker, L’Epos, 2009 et Accords intimes. Danse et musique chez De Keersmaeker, Septentrion 2017), il s’intéresse enfin aux dialogues des arts (« Demandes et adresses : danse et musique chez Anne Teresa De Keersmaeker » in Stephanie Schroedter (ed.), Zwischen Hören und Sehen, Würzburg, Koenigshausen & Neumann, 2012, 425-437) et à certains aspects de la performativité (« A propos de la notion d’état de corps » in Josette Féral (ed.), Pratiques performatives. Body Remix, Montréal / Rennes, Presses de l’Université du Québec / Presses universitaires de Rennes, 2012, 223-239).

Générique

Ce texte a été élaboré entre janvier et avril 2016 dans le cadre d’un séminaire du Master Danse/Pratiques performatives (Université de Lille 3) proposé par Philippe Guisgand, professeur en danse, et par Justine Alberti, Sarah Baraka, Mahaut Clermont, Caroline Decloitre, Coline Gras, Tana Guimaraes, Marion Louis, Madeleine Ngomba, Fanny Pentel, Pauline Prato et Ludovic Quille, étudiants en danse, théâtre et arts plastiques.


Production
 Maison de la Danse


Le Parcours "Les états de corps" a pu voir le jour grâce au soutien du Secrétariat général du Ministère de la Culture et de la Communication - Service de la Coordination des politiques Culturelles et de l'Innovation (SCPCI) 

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