Who says I have to dance in a theater... Anna Halprin
(extrait)Who says I have to dance in a theater... Anna Halprin
(extrait)Who says I have to dance in a theater... Anna Halprin
Tourné à Paris où, invitée pour la première fois en 2004, à l'âge de 84 ans, elle remontait trois pièces emblématiques de son œuvre, et en Californie où elle vit et travaille depuis le milieu des années 1950, ce film permet d'appréhender une conception tout à fait singulière de l'art chorégraphique : pour Anna Halprin, en effet, « la danse n'a pas à être belle, elle fait simplement partie de la vie ».
Ce principe qui a orienté son parcours personnel et professionnel l'a très tôt conduite à rompre avec toute forme d'esthétique et à prendre ses distances avec les représentants de la modern dance, alors à son apogée, pour mener ses propres recherches.
En privilégiant une approche sensorielle et relationnelle du mouvement, en élaborant le concept de « tâches » basées sur les gestes du quotidien et en composant à partir d'improvisations et de partitions ouvertes, Anna Halprin a ouvert la voie à la postmodern dance américaine – courant auquel se rattache Trisha Brown qui fut sa disciple.
Pionnière, contestataire, Anna Halprin le fut à bien des égards : ainsi, avec l'une des performances présentées à Paris, Parades and Changes, elle affronte en 1965 le tabou de la nudité. Et si, dès son installation sur la Côte Ouest américaine, elle fait entrer la nature dans ses expérimentations, elle va aussi s'affranchir du théâtre et de ses conventions pour réinsérer la danse dans le flux de la vie.
Source : Myriam Bloedé
Halprin, Anna
Depuis la fin des années 30, Anna Halprin donne à la danse des directions révolutionnaires qui inspirent des artistes de tous les secteurs. Par ses étudiantes, telles que Trisha Brown, Yvonne Rainer et Simone Forti, Anna Halprin a profondément influencé le Judson Dance Theater new-yorkais, foyer de la danse post-moderne. Dépassant les notions traditionnelles de la danse, Anna Halprin a poussé ses limites afin d’aborder des questions sociales, de bâtir une communauté, d’encourager une guérison physique mais également émotionnelle et de relier les gens à la nature. En réponse aux émeutes raciales des années 60, elle réunit un groupe de danseurs noirs et un groupe de danseurs blancs dans une performance collaborative intitulée « Ceremony of Us ». Elle crée ensuite la première compagnie de danse multiraciale et se penche progressivement sur les thématiques relatives à la justice sociale. Lorsqu’au début des années 70, on lui diagnostique un cancer, elle intégre la danse à son processus de guérison et crée par la suite des programmes de danse novateurs destinés à des patients atteints du cancer ou du sida.
Avec son mari, le paysagiste Lawrence Halprin, elle imagine des techniques permettant de générer une créativité collective. À la fin des années 60 et au début des années 70, elle dirige plusieurs ateliers intitulés « Experiments in the Environment », qui rassemblent des danseurs, des architectes et d’autres artistes et explorent la créativité de groupe liée à la conscience de l’environnement dans un cadre rural ou urbain. Les performances d’Anna Halprin sortent de plus en plus des théâtres et s’inscrivent au sein d’une communauté, venant en aide à la population afin d’aborder des questions sociales et émotionnelles.
Au cours de sa longue carrière, Anna Halprin crée plus de 150 œuvres de danse-théâtre et écrit trois livres. Plusieurs de ses danses sont le fruit de ses expériences personnelles. Par exemple, après que son mari a dû faire face à une crise engageant son prognostic vital, elle imagine la performance « Intensive Care : Reflections on Death and Dying » (2000). Face à son propre vieillissement, elle décide de travailler auprès des personnes âgées de sa communauté et élabore « Seniors Rocking » (2005), pièce jouée à l’extérieur par plus de 50 seniors assis dans des fauteuils à bascule. En mémoire de son mari, elle crée une trilogie, incluant « Spirit of Place », une œuvre imaginée pour un lieu particulier, le théâtre extérieur qu’il avait dessiné (jouée en 2009, peu de temps avant son décès). En 2013, elle retravaille sa pièce avant-gardiste « Parades and Changes » (1965) ; tout en conservant l’essentiel, elle ajoute de nouvelles parties afin d’augmenter sa pertinence dans le monde d’aujourd’hui.
Source : Site de Anna Halprin
En savoir plus :
Who says I have to dance in a theater
Chorégraphie : Anna Halprin
Production / Coproduction de l'œuvre vidéo : Jacqueline Caux, Musée d'Art Contemporain de Lyon
Durée : 49'
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