Les racines de la diversité en danse contemporaine
- Les danses contemporaines européennes
- Les danses contemporaines États-uniennes
- Les danses contemporaines africaines
- Les danses contemporaines caribéennes
- Les danses contemporaines israéliennes
- Le Butō
- Les danses urbaines
- Les Danses Jazz
Les danses contemporaines européennes
La danse contemporaine s’est développée en Europe surtout dans les années 1970, sous plusieurs influences, notamment la « Nouvelle Danse française». Ce courant voulait se détacher de la danse moderne américaine, et de l’influence de l’Opéra de Paris sur la scène artistique française. En Allemagne, on peut notamment citer Pina Bausch et son travail sur la danse-théâtre, ou encore Mary Wigman, pionnière dans la danse expressionniste. La danse contemporaine en Europe reste actuellement une scène riche avec une multitude d’artistes d’horizons variés.
Vêpres dansés et interprété par James Carlès, accompagné par Emmanuel Pi Djob à la création du projet au centre culturel Altigone à Saint-Orens ( banlieue de Toulouse). La respiration, concept fondamental dans la danse contemporaine, est le point de départ de la création de ce solo. Par ailleurs, James Carlès est créateur comme Ohad Naharin d'une méthode aux solutions adaptées pour danseurs blessés ou physiquement limités (le R.E.S.E.T©).
La JC Danse©, issue du R.E.S.E.T©, crées par James Carlès, permet d’écouter son corps, et sa respiration, afin de mieux saisir les bienfaits de la fluidité, de la musicalité, du geste, de l'expression, de la créativité…
La JC Danse© est une des rares technique trans-culturelle créée en Europe.
Pedro Pauwels est un danseur contemporain belge. Dans cet extrait, il réinterpréte à l’occasion du Festival Danses et Continents noirs de 2013, une pièce de Mary Wigman de 1914 : « La Danse de la Sorcière ». Cette danse avait à l’époque pour propos de rompre avec le classique, en montrant des mouvements brusques fait par des corps courbés et tourmentés.
Carolyn Carlson, née en 1943 aux Etats-Unis, devient dans le courant des années 1970 une figure de la Nouvelle Danse française. Elle crée en 2014 sa propre compagnie en France. Dans ce solo qu’elle a écrit pour James Carlès, elle suit les élèments fondamentaux du concept d’Alwin Nikolais : « le motion », auquel elle ajoute sa dimension poétique et spirituelle.
«La danse est plus grande que le danseur et le sera toujours, malgré ce paradoxe qu’elle ne peut exister et fonctionner qu’à travers son instrument vivant.»
Mary Wigman
Les danses contemporaines États-uniennes
Les danses contemporaines états-uniennes se sont développées autour de figures fortes et immuables, ayant contribué durablement à constituer des socles artistiques, sur lesquels d’autres vont s’appuyer afin de créer eux-même leur propre univers, d’apporter au public leur énergie. Des danseurs comme Merce Cunningham, Lester Horton, José Limon, Katherine Dunham ou Pearl Primus, par exemple, ont laissé une empreinte telle que leurs techniques et leurs apports sont encore étudiés aujourd’hui, à l’occasion de cours, de masterclasses, ou dans des structures comme The Cunnigham Dance Foundation, ou encore Los Angeles Dance Project. Les œuvres de ces artistes sont encore jouées, réinterprétées par les nouvelles générations. Les inspirations états-uniennes sont multiples.
James Carlès et Robert Swinston, deux chorégraphes aux inspirations et pratiques différentes, se rejoignent autour d’un événement commun, le festival Danses et Continents Noirs à Toulouse, rendant hommage à Merce Cunningham. Robert Swinston, aujourd’hui directeur artistique du CDN, a travaillé auprès de Merce Cunnigham, Martha Graham, le danseur mexicain José Arcadio Limon ou encore au ballet de l’Opéra de Paris.
Il s’agit d’un cours donné par Marcus Jarrell Willis, ancien membre de la compagnie Alvin Ailey, durant un stage international au Centre chorégraphique James Carlès. M.J Willis s’est formé auprès du Alvin Ailey danse Theatre. Il explore maintenant les pratiques chorégraphiques et va transmettre son savoir dans des masterclasses à travers le monde.
Ici, Georgey Souchette interprète en solo « Mourner’s Bench » de Talley Beatty, transmis par James Carlès et la compagnie américaine Philadanco. Talley Beatty est considéré encore aujourd’hui comme l’un des meilleurs chorégraphes américains. Il a étudié auprès de Martha Graham et Katherine Dunham. La pièce « Mourner’s Bench » raconte l’histoire dramatique de l’influence du Ku Klux Klan sur une communauté rurale multi-ethnique du sud des Etats-Unis.
" Pourquoi je danse ? La dance est mon remède. C'est le cri qui apaise un moment la frustration terrible et commune à tous les Hommes, qui de part leur race, leurs principes ou leur couleur, sont "invisibles". La danse est le poing avec lequel je me bat contre l'ecoeurante ignorance du préjudice"
Pearl Primus
Les danses contemporaines africaines
Aujourd’hui, les danses contemporaines africaines occupent une place primordiale dans les théâtres et festivals de danse en Europe et partout dans le monde. On peut voir des inspirations, des démarches, des thématiques communes, sans pour autant ranger les artistes cités précédemment sous une même optique. Les pratiques restent diverses, mais la mémoire de la fin de la traite négrière, la décolonisation, les mouvements entre deux continents, le rapport à la musique, aux traditions, au théâtre agissent comme autant de motifs permettant d’unir les méthodes et les visions artistiques. Les artistes évoqués précédemment, ont contribué à ce que la journaliste Isabelle Danto appelle une « révolution chorégraphique » partie d’Afrique.
Germaine Acogny est une danseuse franco-sénégalaise, pratiquant les danses africaines contemporaines. Elle a exercé son art d’abord au Sénégal, puis en Belgique et en France par exemple. Proche de Maurice Béjart, elle crée en 2004 un centre international de danses, contemporaines et traditionnelles à Toubab Dialo : L’École des Sables.
Le coupé-décalé est une danse et un style de musique né à Paris, Londres, Milan, Genève etc. et en Côte d’Ivoire au début des années 2000, insistant beaucoup sur le rythme et les percussions, avec des sonorités africaines. Le style s’est développé à Paris, majoritairement dans les boîtes de nuit. On peut notamment citer Douk Saga, DJ Arafat, ou encore Serge Beynaud comme têtes connues du coupé-décalé.
« Danser pour Combattre»
Zora Snake
Les danses contemporaines caribéennes
La création chorégraphique dans les Caraïbes a ses propres codes, sa propre diversité, qui s’est récemment, du fait de l’évolution, connectée avec les mouvances artistiques venues d’Europe et des États-Unis. En Guadeloupe, le Centre de la Danse et des études chorégraphiques créé par Léna Blou après ses études en métropole tend à devenir un pôle majeur de l’art chorégraphique caribéen. On peut aussi parler de la compagnie de danse contemporaine martiniquaise de Christiane Emmanuel. Le Centre chorégraphique et la compagnie James Carlès Danse&co ont eu notamment l’occasion de travailler avec Léna Blou, lors de stages internationaux et de festivals de danse.
Léna Blou est une danseuse, chorégraphe, historienne, et créatrice de la danse Gwoka. Après des années de recherche, elle fait émerger une danse contemporaine caribéenne : le Techni’Ka, offrant au danseur une exploration corporelle et musicale. Une approche des « États de corps » aux possibilités multiples…
« La singularité du festival, c’est de croiser les écritures, et surtout de croiser la recherche, la pensée, que le corps soit pensé, [comme] un outil à la compréhension du monde... ».
Léna Blou à propos du Festival Danses et Continents noirs
« Qu’est-ce que la danse « contemporaine guadeloupéenne » ? Est-ce une danse qui a subi l’influence de la danse contemporaine française, donc qui pourrait être limitative, ou est-ce une danse guadeloupéenne d’aujourd’hui, donc caribéenne, donc multiculturelle, donc pleine d’un enrichissement qui permet l’ouverture sur l’expression, la communication, l’échange ? »
Fred Lasserre, entretien avec Stéphanie Bérard pour Africulture.
Les danses contemporaines israéliennes
Les danses contemporaines israéliennes sont aux portes du contemporain, de la modern dance et du style gaga. En ce moment, la scène israélienne rayonne à l’international, d’abord grâce à Ohad Naharin, et maintenant avec les spectacles d’Hofesh Shechter, formé au sein de la compagnie Batsheva. On peut par exemple évoquer la représentation chorégraphique « Show », mélangeant danse contemporaine, transe urbaine et électro, interprétée par huit jeunes danseurs sous la direction d’Hofesh Shechter. On remarque que les thématiques abordées dans les pièces israéliennes traitent souvent soit de faits historiques tragiques, soit de thèmes de la vie quotidienne.
Echad mi Yodea est une pièce chorégraphique et chantée traditionnelle juive. Le ton et la forme sont censés être drôles et humoristiques, comme d’importantes leçons à donner aux enfants. Ohad Naharin s’est réapproprié la pièce, afin de la produire et de la rejouer sur scène. Ici, c’est le Junior Ballet Toulouse-Occitanie, dirigé par James Carlès, qui reprend la pièce.
Political Mother est une pièce contemporaine créée et chorégraphiée par Hofesh Shechter. C’est un travail artistique qui vise à questionner, à réfléchir sur l’endoctrinement politique et le totalitarisme. La dimension électrique, rock, de la musique permet d’exprimer la puissance de la danse de Shechter. La Formation Professionnelle du Centre chorégraphique James Carlès a travaillé sur cette pièce au cours de l’année 2016-2017.
« Le passage de la Batsheva Dance Company [en ces murs, en 2012] après de longues années d’absence à Paris, fit l’effet d’une déflagration chorégraphique. »
Philippe Noisette, journaliste et critique, sur la pièce Naharin’s Virus en 2014
Le Butō
On retiendra Tatsumi Hijikata et Kazuo ōno comme principaux fondateurs de cette pratique chorégraphique. Le Butō est trempé dans le bouddhisme et le shintoïsme, mais aussi inspiré des courants artistiques européens comme l’expressionnisme allemand ou le surréalisme. Le Butō a été porté par des artistes comme Akaji Maro, directeur de la troupe Dairakudakan, ou encore Yoko Ashikawa, danseuse dans la troupe de Tatsumi Hijikata.
"Pour moi, la recherche de la danse butô se développe et s’approfondit dans une exploration de soi, de son existence, de la vie humaine, en relation avec les autres, le quotidien, la société, la nature et l’univers...avec en parallèle, une étude constante de son propre corps qui est unique. Le corps, matière de la danse, est là comme une pierre posée sur la terre par hasard."
Maki Watanabe, danseuse et chorégraphe Butô
Les danses urbaines
Ces danses apparaissent dans les années 1970 d'abord à New York. Elles vont insister sur l’importance de la singularité et de la communauté, et revêtir un message politique, notamment concernant le racisme et la violence sociale. Son influence est remarquable dans les danses contemporaines, avec notamment le renouvellement sur la question de l’engagement du corps, de la performance. On trouve cela avec l’afro beat ( nouvelles formes apparues vers 2010 : kuduro, azonto, ndombolo, etc.) qui insiste sur l’adresse au public, l’exploration du geste, du pas (stepping) et du mouvement.
Le nombre de danseurs contemporains pratiquant les danses urbaines entérine la réalité de l’hybridation dont sont porteurs les jeunes danseurs. C’est le moteur du développement de la création contemporaine.
Dans cette conférence dansée, Olivier Lefrançois mélange explication factuelles, historiques, et pratiques. On le voit mettre en application les faits qu’il relate. Ici, la pratique scénique fait également preuve de diversité en tant que telle, en mélangeant la conférence, la chorégraphie, le récit et l’humour. Dans cette représentation, l’artiste nous exprime son amour des danses contemporaines, du hip-hop.
Cet entretien avec James Carlès, prévu pour le format vidéo, parle du développement et du partage des danses noires. L’introduction, ainsi que d’autres passages, forment une démonstration de ce panel de danses qui appartiennent à des histoires sociales et politiques différentes.
Brissy Akezizi est un danseur, interprète, aussi chorégraphe et créateur du Dancehall coupé-décalé. Influencé par les danses traditionnelles africaines et afro-urbaines (hip-hop, dancehall, Azonto, danses contemporaines…). Professeur régulier au Centre chorégraphique James Carlès, il donne ici un cours à l’occasion d’un stage international.
Défilé sapé à Toulouse
Il s’agit d’un spectacle ouvert au centre de Toulouse, proposant une interaction directe entre la ville et la pratique artistique. Cette forme scénique ainsi que la représentation en soit ont un aspect résolument contemporain, s’affranchissant des limites usuellement imposées par leur aspect accessible et novateur. La représentation a été précédé d’un « défilé sapé » dans les rues de Toulouse.
Ces nouvelles pratiques scéniques foisonnent mais elles sont pour la très grande majorité issues des communautés afro-descendantes, partout dans le monde. La particularité aujourd’hui est que le courant dominant n’est plus états-uniens, mais africain et caribéen, ou aussi européen. En effet, beaucoup de danses urbaines afro-descendantes, depuis les années 2000 viennent des capitales européennes ( Paris, Londres, Lisbonne, Barcelone, Madrid, Berlin...) Leur force joue sur l’appropriation de l’espace public et la création de codes propres, véhiculés de manière virale par la jeunesse, à travers les réseaux sociaux.
Les Danses Jazz
L’influence du Jazz se retrouve dans la musique moderne, le cinéma, les arts plastiques ou la littérature. Nombre d’artistes de la jeune danse Française, venaient, sans le dire, d'une formation en Jazz. C'est encore le cas.
Les danses jazz se divisent en trois grandes groupes. Les danses sociales ou vernaculaires, les danses de divertissement et les danses de « concert ». Les lieux de jonctions des danses jazz de concert et plusieurs courants de la danse moderne-contemporaine sont nombreux, car ils partagent les même socle de référence esthétique, et socio politique, avec un phénomène d'hybridation forte et assumée chez les acteurs des danses jazz.
Quelques noms d'auteurs de la danse Jazz de concert: Jack Cole, Matt Mattox, Luigi, Réné Deshauteurs, Rick Odums, Géraldine Armstong.
La compagnie James Carlès Danse & Co, comme la compagnie Alvin Ailey est une compagnie répertoire. Soucieux d'une reconnaissance élargie du patrimoine chorégraphique du XXéme siècle. Elle reconstruit avec les auteurs ou ayant droits des œuvres de référence pour l'histoire de la danse. Ici, Oh Lord est une création de la chorégraphe Géraldine Armstrong. Cette chorégraphe est influencée à la fois par la technique de son maître Mat Mattox et le chorégraphe Alvin Ailey, qui inscrit sa démarche dans l'expérience culturelle et spirituelle des afro-descendants.
Conclusion
A travers ce parcours thématique, nous avons proposé une photographie de la circulation des danses dans le monde, pour montrer l’importance et les formes que peut prendre et que permet la diversité dans le cadre des danses contemporaines. Les réalisations des artistes du Centre chorégraphique et de la Compagnie James Carlès ont placé cette notion de diversité au cœur de leurs pratiques et de leur philosophie artistique.
Il apparaît capital de diversifier les médias, les esthétiques, afin de faire interagir les sens et les symboliques. Le mélange et la diversité semblent aux origines de la danse contemporaine, tout en étant un puissant vecteur d’énergie créatrice.
Par tous les moyens, dansons ensemble !