[Je suis assis dans une pièce différente de celle où vous êtes en ce moment] / création 1997

chorégraphie João Fiadeiro

S'aventurant du côté des arts plastiques, João Fiadeiro éprouve là encore la présence du corps dans l'espace de représentation. Les lumières démultiplient l'ombre et la silhouette, le photocopieur duplique le visage du danseur en une grimace à la Bacon. Le corps est malmené, le visage déformé, la peau tirée par des pinces à linge.
L'image se brouille, à l'égal de cette voix déformée, étirée, qui se fond bientôt en une lancinante vibration acoustique… Une confrontation sans appel du corps et de son image.

« Mon travail en solo est devenu un espace privilégié où je peux développer une recherche attentive autour de mes raisons de continuer à danser, de mon rapport avec les objets, toujours simple et de lecture immédiate, et de ma relation avec le spectateur, cette entité abstraite avec laquelle s'entretient l'illusion d'un dialogue.
Je dis simultanément ce que je sais déjà – la réaction (à l'inverse de l'action) est alors la plus importante – et ce que je ne sais pas à travers une exposition personnelle, presque privée, de toutes mes imperfections. » 

João Fiadeiro

Dernière mise à jour : avril 2010

João Fiadeiro, né en 1965, est âgé de 23 ans lorsqu'il découvre les méthodes d'improvisation des chorégraphes post-modernes américains. Formé à la danse au sein du Ballet Gulbenkian à Lisbonne, au début des années 1980, il n'est nullement familiarisé avec les techniques d'improvisation, hormis à travers des cours de danse-jazz. En 1988, une bourse d'études aux Etats-Unis l'amène à suivre les cours d'été du Jacob's Pillow. Dans ce cadre, il est initié à l'improvisation structurée de Trisha Brown ainsi qu'au contact-improvisation de Steve Paxton. Ces deux expériences se révèlent déterminantes pour l'aspirant-chorégraphe. A l'occasion de nombreux séjours à New York et Berlin, Fiadeiro approfondit et diversifie par la suite sa pratique de l'improvisation. João Fiadeiro est également impressionné par les recherches de Wim Vandekeybus. Ce chorégraphe belge, né en 1963, est marqué, lui aussi, par la contact-improvisation dont il propose une relecture d'une physicalité extrême.

En 1990, il fonde la Compagnie RE.AL, une structure hybride de production qui s'affirmera dans les domaines de la création et de la circulation de spectacles de danse contemporaine, de l'organisation d'événements professionnels et du développement d'initiatives liées à la recherche artistique. En 1995, il débute la systématisation de la méthode de « Composition en temps réel » qui supporte, soutient et détermine toute son activité en tant qu'artiste, formateur et chercheur. En 2000, au sein de RE.AL, il promeut la constitution d'un collectif d'interprètes, théoriciens et collaborateurs artistiques qui contribuent de manière décisive à la définition des contours et de la portée de la méthode, tout en appliquant cette dernière durant la création de leurs propres projets. Durant son parcours il a eu l'occasion de collaborer de manière complice et proche avec plusieurs artistes et penseurs contemporains comme Jorge Silva Melo, Marta Wengorovius, Pedro Costa, Vitor Rua, Nuno Rebelo, Miguel Azguime, André Lepecki ou Mark Tompkins qui ont influencé de manière décisive son travail.

Sources : Annie Suquet, article "De la composition en temps réel", 2005 

site internet de l'Atelier RE.AL, 2010

En savoir plus : re-al.org

Depuis 2001, le Centre national de la danse (CND) réalise des captations de ses programmations de spectacle et de pédagogie et crée des ressources à partir de ces représentations filmées (interviews, conférences dansées, rencontres avec des artistes, démonstrations, grandes leçons, colloques spécialisés, montages thématiques, etc.).