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Alla prima

CN D - Centre national de la danse 2006 - Réalisateur-rice : Micouin, Thierry

Chorégraphe(s) : Diverrès, Catherine (France)

Présentée dans la/les collection(s) : Centre national de la danse

Producteur vidéo : Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne

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Alla prima

CN D - Centre national de la danse 2006 - Réalisateur-rice : Micouin, Thierry

Chorégraphe(s) : Diverrès, Catherine (France)

Présentée dans la/les collection(s) : Centre national de la danse

Producteur vidéo : Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne

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Alla prima

Pièce de groupe pour 10 danseurs et un musicien, présentée au festival Montpellier Danse en juin 2005, « Alla prima » trouve son point de départ dans l’une des deux nouvelles entremêlées dans le livre de William Faulkner « Si je t’oublie Jérusalem », intitulée « Vieux Père », pour poser la question du lien social : « La pièce ne part pas de l’homme surpassant ses forces pour vaincre et survivre à la violence de la rivière folle telle que Faulkner le décrit », précise la chorégraphe, « mais place les danseurs dans les atomes mêmes de la rivière de boue. De son moi individué, cloisonné, devenir organicité pure, fondue dans une matière-énergie, puis s’abstraire de l’informe, pour jouer l’énergie canalisée en des formes : l’écriture dansée. » (présentation de la pièce sur le site internet de la compagnie : http://www.compagnie-catherine-diverres.com/portfolio_page/alla-prima/)

Dans une scénographie imaginée par Laurent Peduzzi composée de modules mobiles envisagés comme autant de théâtres, les danseurs interprètent d’abord différents symptômes d’une solitude moderne, révélées progressivement par les lumières de Marie-Christine Soma. La liberté dont traite l’ouvrage de W. Faulkner est ici questionnée dans ses excès, politiques, sociaux ou amoureux. Dans un entretien « fouillant la relation entre individualisme et communauté », thématique centrale de la pièce, la philosophe Patricio Allio résume les réflexions de C. Diverrès : « Comment échapper à cet enfermement narcissique ? Comment vaincre cette illusion de liberté qui cache une aliénation plus profonde ? Comment sortir de soi sinon en explorant des modes paroxystiques de rupture ? Ainsi de la question de la privation du lien social, on en arrive à l’importance du chaos » (Patricia Allio, « Désordres ». In I. Filiberti, « Catherine Diverrès, mémoires passantes », Pantin : Centre national de la danse, L'Oeil d'or, 2010, p. 83)

Autre thème abordé par « Vieux Père », la volonté de maîtriser le désordre y est ici prise à rebours. La musique de Seijiro Murayama accompagne l’explosion des enfermements individuels dénoncés par la chorégraphe, générant un chaos qu’elle propose non pas de surpasser mais d’accueillir, d’expérimenter pour « réintroduire ponctuellement le sentiment de continuité perdu qui assure en retour la pérennité et la vitalité du lien social » (Patricia Allio, « Désordres ». In I. Filiberti, « Catherine Diverrès, mémoires passantes », Pantin : Centre national de la danse, L'Oeil d'or, 2010, p. 84).

Sans doute pour mieux mettre en scène ce chaos et donner à voir « la co-fragilité », d'après le concept forgé par le philosophe allemand Peter Sloterdijk, comme la « base d’une nouvelle manière de se rencontrer, de se tenir ensemble », la chorégraphe rompt avec ses habitudes et cherche des ruptures : « Tout comme les formes, la maladresse, le volontairement impolissé des gestes et des mouvements, le non-investissement psychologique ou mental des danseurs rompt avec la retenue, la distance, posées dans mes précédentes pièces. » (Notes d’intention, programme du CCN pour Alla Prima, 2005) 

Si elle refuse de présager « d'un quelconque "tournant", ou extrapoler sur l'écriture » (Notes d’intention, programme du CCN pour Alla Prima, 2005) , c'est bien vers une conception et un rapport au temps renouvelés, dans la continuité de cette première collaboration avec le muscien Seijiro Murayama que s'orientera sa prochaine création : « Blowin' ».


Claire Delcroix, mars 2016


Diverrès, Catherine

Catherine Diverrès naît en Gironde en 1959, et passe une enfance entre France et Afrique. Dès l'âge de 5 ans, elle se forme à la danse classique auprès de Sylvie Tarraube, puis de Suzanne Oussov, selon la technique Vaganova. Dans le milieu des années 1970 elle aborde les techniques américaines (Limon, Graham, Cunningham, Nikolais), et entre en 1977 à Mudra Béjart.

Elle danse un temps pour les Ballets Félix Blaska (1978) puis pour la compagnie Nourkil – danse-théâtre et pour Elinor Ambasch (1979) avec Bernardo Montet. En 1980 ils intègrent la compagnie de Dominique Bagouet à Montpellier, notamment pour les pièces Grand Corridor et Toboggan. A la suite d'une série d'ateliers, Catherine Diverrès conçoit Une main de sable, création pour cinq danseurs pensée depuis un travail en commun autour des thèmes d'origine et de territoire, qui sera présentée au festival de Montpellier en juillet 1981.

En 1982, Elle s’installe à paris avec Bernardo Montet. Advient la préfiguration de ce qui deviendra le Studio DM, avec la création d'un solo de Catherine Diverrès, Consumer, puis l'obtention d'une bourse d'étude du Ministère de la Culture, leur permettant de se rendre à Kamihoshikawa (Japon) suivre une formation de six mois auprès du maître de butô Kasuo Ohno.

La première pièce officielle du Studio DM, Instance, est créée par Catherine et Bernardo Montet en 1983 à Tokyo, et la légende veut qu'elle laissa « muet le maître du butô en personne. » Elle est suivie du Rêve d'Helen Keller en 1984, conçue par Catherine Diverrès seule, et primée lors du Concours de Bagnolet. Sept autres pièces voient le jour entre 1985 et 1994, faisant l'objet de différentes collaborations. De cette première période de création, on note que Catherine Diverrès continue à danser dans chacune de ses pièces. A ses côtés, Bernardo Montet se pose également comme un collaborateur et interprète d'exception : « Deux danseurs hors pair : elle, lointaine, intouchée, lui, massif et virtuose à la fois, tous deux réunis dans une même façon de ployer le corps et de passer avec aisance de la lenteur la plus suspendue à la brutalité la plus vive » (Chantal Aubry).

Le studio DM – où désormais chacun des deux chorégraphes signe ses propres pièces - acquiert progressivement une reconnaissance critique, publique et institutionnelle : les spectacles font la une des festivals les plus prestigieux d'Europe (Avignon, Montpellier, SIGMA à Bordeaux, Sringdance à Utrecht, Glashuset à Stockholm, Festwoch à Berlin…), et sont montés grâce à différentes coproductions (CAC d'Orléans, Théâtre de la Ville, Quartz de brest, CNDC d'Angers, …).

En 1994, Catherine Diverrès et Bernardo Montet sont nommés codirecteurs du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, que Catherine Diverrès continuera à diriger seule à compter de 1998. Ce qui, peut-être, détermine le plus pertinemment cette période tient probablement à l'incursion de textes poétiques ou philosophiques dans les créations. Si l'incursion de textes n'est certes pas nouvelle dans les œuvres de Catherine Diverrès, du moins prend-elle, dans ces années-là, un tour essentiel dans les enjeux, artistiques comme de réflexion, portés par la chorégraphe. Il paraît nécessaire de souligner l'importance de la pratique de l'écriture chez Catherine Diverrès. Les archives des documents artistiques de la chorégraphe montrent assez l'ampleur et la qualité de son implication dans les éditoriaux des Lettres du CCNRB comme dans les dossiers de création : toutes les notes d'intention des pièces, exclusivement rédigées par elle, témoignent d'une grande exigence et d'une rare clarté de pensée. 

L'année 2008 est marquée par le retour au statut de compagnie indépendante, que Catherine Diverrès nomme Association d'octobre. La première pièce créée après le départ du CCNRB, Encor (2010), est une commande de la Biennale de danse de Lyon dont c'est alors la dernière édition pour son fondateur Guy Darmet. C'est d'ailleurs ce dernier qui lui suggérera ce titre, telle une pirouette actée et symbolique à leurs départs respectifs. 

En 2012 est créé le solo O Senseï, dansé par Catherine Diverrès. Il s'agit d'une commande du CDC-Les Hivernales, que la chorégraphe conçoit en hommage à Kasuo Ohno, mort en 2010. Ce solo constitue actuellement la seule pièce dansée par Catherine Diverrès. La dernière pièce à ce jour date de 2013 : Penthesilée, créée au Théâtre Anne de Bretagne, renoue avec le format de pièce de groupe, en réunissant sur scène une équipe de neuf danseurs. 


Source :  Alice Gervais-Ragu 

Micouin, Thierry

Alla prima

Chorégraphie : Catherine Diverrès

Interprétation : Julien Fouché, Carole Gomes, Fabrice Dasse Marta Izquierdo Munoz, Sung-Im Kweon, Thierry Micouin, Kathleen Reynolds, Isabelle Kurzi, Emilio Urbina, Rafaël Pardillo

Scénographie : Laurent Peduzzi

Texte : William Faulkner, extraits de « Si je t’oublie, Jérusalem», Le vieux père.

Musique originale : Seijiro Murayama

Musique live : Seijiro Murayama

Lumières : Marie-Christine Soma assistée par Eric Corlay

Costumes : Cidalia Da Costa

Autres collaborations : Créateur sonore Eiji Nakazawa - Réalisation sonore Denis Gambiez

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