Appel d'air
1981 - Réalisateur-rice : Picq, Charles
Chorégraphe(s) : Chopinot, Régine (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Centre national de la danse
Producteur vidéo : Compagnie du Grèbe
Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin et à la Maison de la danse de Lyon
Appel d'air
1981 - Réalisateur-rice : Picq, Charles
Chorégraphe(s) : Chopinot, Régine (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Centre national de la danse
Producteur vidéo : Compagnie du Grèbe
Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin et à la Maison de la danse de Lyon
Appel d'air
« Appel d'air » constitue l'une des premières pièces chorégraphiées par Régine Chopinot. Présentée sous le titre « Halley's Comet » aux Rencontres chorégraphiques de Bagnolet de 1981 – avant d'être remaniée la même année pour constituer « Appel d'air » –, cette pièce emprunte son titre de concours à un roman de Samuel Beckett (« On peut mourir à soixante-dix ans sans avoir jamais eu la possibilité d'admirer la comète de Halley », extrait de « L'Innommable », 1969).
« Appel d'air » prend place dans le paysage chorégraphique des années 1980, alors que la danse contemporaine connaît un véritable essor. Aux gestuelles théâtralisées et dramatisées qui fleurissent dans le sillage de Pina Bausch, Régine Chopinot oppose ici « un refus inaugural (...) de tout traitement du corps comme profondeur psychologique, foyer émotionnel, source identitaire. » : « Dans “Appel d'air” (...) la présence des corps est distancée, hors d'atteinte de tout emportement comme de toute tentation fusionnelle » [1].
D'une extrême sobriété visuelle, « Appel d'air » évacue d'emblée tout signe pouvant représenter un recours narratif : « Les trois danseuses – Chopinot, Michèle Prélonge, Véronique Ros de la Grange – portent la même robe, d'une coupe neutre, sans connotation de style, mais de couleur différente ; aucun décor ; l'espace scénique, rongé par la pénombre, sans contours. La musique est jouée live par le saxophoniste Graham Fox, est simple et trouée de silence » [2]. Cette altération des signes est relayée par les extraits récités en voix off, tirés de « L'Innommable ».
A la sobriété visuelle et sémantique de la pièce, répond la sobriété du vocabulaire gestuel, empruntant notablement au répertoire quotidien : « La danse commence par des déroulés des orteils, des palpations, des frappés du sol, toutes sortes de qualités d'appuis auxquelles la tonicité du corps commence par s'ajuster et répondre ». C'est aussi la première trace d'un mouvement qui deviendra caractéristique de Chopinot : celui du « non », résultant de l'action de la première vertèbre cervicale (axis), que l'on retrouvera dans toute son oeuvre jusque dans années 2010 où elle s'efforcera d'actionner atlas, la seconde vertèbre cervicale, celle du « oui ».
Ce dépouillement atteint également la qualité des mouvements d'unisson rythmique, puisque les danseuses ont travaillé individuellement, chacune sur une musique différente écoutée au walkman : « Il en découle trois musicalités corporelles singulières, trois régimes d'apparition qui divergent de manière indéfinissable. Cette différenciation – sciemment convoquée et ne résultant pas des seules caractéristiques morphologiques et posturales des danseuses – se donne au spectateur sur un mode subliminal. La chorégraphe ouvre l'espace d'une discrète mise en abyme de la ressemblance en invitant des décalages qualitatifs qui inquiètent insensiblement la visibilité des corps et fissurent l'unité d'ensemble. Ce goût du détail, à peine perceptible et cependant troublant, traverse tout le parcours de la chorégraphe. (...) Chopinot fraie de nouvelles voies dans sa guérilla secrète contre les pouvoirs de l'image » [2].
Régine Chopinot signe avec « Appel d'air » une entreprise de démolition de tout ce qui constituait son bagage de danseuse classique : pieds, port de tête, port de bras, mais aussi narrativité et unisson sont mis en péril. Avec cette création qui affirme un style personnel qu'elle continuera d'explorer et de développer dans ses créations suivantes (« Grand Ecart », « Swim one », « Articules »), elle remporte le second prix au concours international de Bagnolet et ouvre un nouveau territoire.
[1] A. Suquet, « Chopinot », Le Mans : Ed. Cénomane, 2010, p. 13.
[2] A. Suquet, op. cit., p. 29.
Extrait de presse
« Avec “Appel d'air” de Régine Chopinot, nous sortons de l'école quasi-classique à présent très en vogue de la post-modern dance. Son style ou plutôt son langage est tout à fait personnel puisqu'il s'éloigne de plus en plus du “déjà vu” en prenant une identité propre. Une certaine esthétique s'en dégage, celle beaucoup plus subtile qu'une simple réaction contre une quelconque mode, une esthétique personnelle avec ses propres lois, son propre développement et quelques clins d'œil bien balancés. De ce trio féminin (Régine Chopinot, Michèle Prélonge, Véronique Ros de la Grange) se dégage une certaine conception du corps dansant, très éloignée des normes habituelles. Chopinot sur scène, c'est Régine dans la vie, heurtée, tendre et solitaire. Ses trajectoires découpent l'espace scénique, exposent les corps vers l'extérieur tout en gardant une intensité interne surprenante. Les mouvements saccadés, nets, précis s'accumulent interrompus par un geste quotidien (se gratter la tête, un petit massage du ventre...). Graham Fox, le musicien imperceptible dans l'obscurité distribue des sons comme un donneur de cartes. Le sol, jamais effleuré mais martelé sans cesse par les talons nus agit comme une surface dure de laquelle on ne s'élève pas mais sur laquelle on marque le poids du corps et la résonance qu'il entraîne. Souci d'exposition, elles prennent le temps de se laisser regarder, de laisser deviner la tendresse qu'elles partagent dans leurs attouchements glissés contre leurs corps mutuellement soutenus. Effets d'étrangetés et de mystère dans cette danse déroulant ses motivations sans les dire, où chacun ici est contraint à regarder autrement. »
Geneviève Vincent, « Régine Chopinot, Robert Kovich au Palais des Glaces », Pour la danse, n° 75, décembre 1981
Dernière mise à jour : février 2013
Chopinot, Régine
Régine Chopinot, née en 1952 à Fort-de-l'Eau en Algérie, est très vite attirée par la danse. Après des cours de danse classique, elle découvre la danse contemporaine avec Marie Zighera en 1974. Devenue lyonnaise, elle y fonde en janvier 1978 sa première compagnie, la Compagnie du Grèbe qui associe danseurs, comédiens et musiciens. Elle signe alors ses premières chorégraphies. Trois ans plus tard, elle reçoit le deuxième prix au Concours chorégraphique international de Bagnolet (Seine-Saint-Denis) pour la pièce « Halley's Comet » (1981) rebaptisée « Appel d'air ».
Ses créations suivantes, « Délices » et « Via », ouvrent la chorégraphie aux apports d'autres médias dont le cinéma. C'est avec « Délices » (1983) que Régine Chopinot commence sa longue collaboration avec le couturier Jean Paul Gaultier, qui marquera l'époque, avec des pièces comme « Le Défilé » (1985), « K.O.K. » (1988), « ANA » (1990), « Saint Georges » (1991) ou « Façade » (1993). Nommée en 1986, directrice du Centre chorégraphique national de Poitou-Charentes à La Rochelle (où elle succède au Théâtre du Silence de Jacques Garnier et Brigitte Lefèvre), qui devient en 1993 le Ballet Atlantique-Régine Chopinot (BARC), Régine Chopinot multiplie les rencontres artistiques : avec des plasticiens comme Andy Goldsworthy, Jean Le Gac ou Jean Michel Bruyère, des musiciens comme Tôn-Thât Tiêt ou Bernard Lubat.
Au début des années 1990, elle quitte – selon son expression – les « espaces de grande légèreté » où, très jeune, elle s'était fait connaître, notamment dans sa collaboration avec Jean Paul Gaultier. Elle se passionne alors pour des expériences de confrontation de la danse contemporaine aux éléments et aux rythmes naturels et de sa mise à l'épreuve de pratiques et de sciences du corps anciennes et complexes, comme le yoga. En 1999, dans le cadre des « artistes associés », Régine Chopinot invite trois personnalités de la danse contemporaine à collaborer pendant trois ans à son projet artistique : Françoise Dupuy, Dominique Dupuy et Sophie Lessard rejoignent l'équipe de danseurs permanents et d'intervenants-chercheurs du BARC, comme interprètes, pédagogues et chorégraphes.
En 2002, elle ouvre le triptyque de la Fin des Temps, une longue remise en cause de l'écriture et de la création chorégraphique conséquente à une mise en crise volontaire des notions générales de temps, de mémoire et de construction. « Chair-obscur », son premier chapitre, est tourné vers un effacement du passé, de la mémoire, et « WHA » vers la disparition du futur. « O.C.C.C. » se préoccupe du « temps qui reste », de ce qu'il reste à faire, ce qui peut être fait encore, à l'endroit simple et essentiel de la représentation. En 2008, « Cornucopiae », la dernière pièce créée au sein de l'institution, signe la fin d'une forme de représentation et ouvre vers une autre proposition de perception sensorielle.
Parallèlement à son travail de chorégraphe, Régine Chopinot collabore en tant qu'interprète avec des artistes qui lui sont proches : Alain Buffard (« Wall dancin' - Wall fuckin' », 2003 ; « Mauvais Genre », 2004), Steven Cohen (« I wouldn't be seen dead in that ! », 2003). Ou encore, elle forme et dirige des danseurs vietnamiens dans le cadre d'une collaboration avec l'École supérieure de danse du Vietnam et l'Opéra-Ballet de Hanoï (« Anh Mat », 2002 ; « Giap Than », 2004). En 2008, la chorégraphe quitte le CCN de La Rochelle et crée la compagnie Cornucopiae - the independent dance, la nouvelle structure qui porte désormais, création et répertoire, tous les travaux de Régine Chopinot. En 2010, elle choisit le port de Toulon pour y vivre et travailler.
Depuis 2009, Régine Chopinot s'aventure, questionne et approfondit sa recherche du corps en mouvement en lien avec la force de la parole auprès de cultures organisées par et sur la transmission orale, en Nouvelle-Calédonie, en Nouvelle-Zélande, au Japon. De nombreux actes artistiques jalonnent ces trois dernières années : pièces chorégraphiques et films réalisés à partir des expériences artistiques In Situ ont été créés dans le cadre du projet Pacifique Sud. La relation privilégiée initiée depuis 2009 avec le groupe du Wetr (Drehu/Lifou), aboutit à la création de « Very Wetr ! » au Festival d'Avignon en juillet 2012, repris au Centre national de la danse en février 2013.
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Dernière mise à jour : février 2013
Picq, Charles
Auteur, réalisateur et vidéaste, Charles Picq (1952-2012) entre dans la vie professionnelle dans les années 70 par le théâtre et la photographie. Après une reprise d'études (Maîtrise de Linguistique - Lyon II, Maîtrise des Sciences et Techniques de la Communication - Grenoble III), il se consacre à la vidéo, d'abord dans le champ des arts plastiques à l'Espace Lyonnais d'Art Contemporain (ELAC) et avec le groupe "Frigo", puis dans celui de la danse.
Dès la création de la Maison de la Danse à Lyon en 1980, il est sollicité pour y entreprendre un travail de documentation vidéo qu'il poursuit toujours depuis. Durant les années 80, marquées en France par l'explosion de la danse contemporaine et le développement de l'image vidéo, il fait de nombreuses rencontres avec des artistes tels qu'Andy Degroat, Dominique Bagouet, Carolyn Carlson, Régine Chopinot, Susanne Linke, Joëlle Bouvier et Régis Obadia, Michel Kelemenis. Son activité se déploie dans le champ de la création avec des installations et des vidéos en scène, ainsi que dans celui de la télévision avec des spectacles filmés, des recréations et des documentaires. Avec Dominique Bagouet (80-90), la rencontre est particulière. Il documente sa création, l'assiste sur " Le Crawl de Lucien" et co-réalise avec lui les films "Tant Mieux, Tant Mieux" et "10 anges".
Dans les années 90, il devient le directeur du développement vidéo de la Maison de la danse et œuvre, avec le soutien de Guy Darmet et son équipe, pour une place grandissante de l'image vidéo au sein du théâtre à travers plusieurs initiatives :
• Il fonde une vidéothèque de films de danse, d'accès public et gratuit. C'est une première en France. Poursuivant la documentation vidéo des spectacles, il en organise la gestion et la conservation.
• Il impulse la création d'un vidéo-bar et d'une salle de projection vidéo dédiée à l'accueil scolaire.
• Il initie les "présentations de saisons" en image.
• Il conçoit l'édition du DVD "Le tour du monde en 80 danses", une vidéothèque de poche produite par la Maison de la Danse pour le secteur éducatif.
• Il lance la collection « Scènes d'écran » pour la télévision et le web, il entreprend la conversion numérique de la vidéothèque et crée Numeridanse.
Ses principaux documentaires sont : "Enchaînement", "Planète Bagouet", "Montpellier le Saut de l'Ange", "Carolyn Carlson, a woman of many faces", "Grand Ecart", "Mama Africa", "C'est pas facile", "Lyon, le pas de deux d'une ville", "Le Défilé", "Un Rêve de cirque".
Il a également réalisé des films de spectacle : "Song", "Vu d'Ici" (Carolyn Carlson),"Tant Mieux, Tant Mieux", "10 anges", "Necesito" et "So Schnell", (Dominique Bagouet), "Im bade wannen","Flut" et "Wandelung" ( Susanne Linke), "Le Cabaret Latin" (Karine Saporta), "La danse du temps"(Régine Chopinot), "Nuit Blanche"( Abou Lagraa), "Le Témoin" (Claude Brumachon), "Corps est Graphique" (Käfig), "Seule" et "WMD" (Françoise et Dominique Dupuy), " La Veillée des Abysses" (James Thiérrée), Agwa »(Mourad Merzouki), Fuenteovejuna (Antonio Gadès), Blue Lady revisted (Carolyn Carlson)…
Source : Maison de la Danse de Lyon
James Carlès
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