KOK
1989 - Réalisateur-rice : Chopinot, Régine
Chorégraphe(s) : Chopinot, Régine (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Centre national de la danse
Producteur vidéo : ARP, Compagnie Chopinot (CC Poitou-Charentes)
Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin
KOK
1989 - Réalisateur-rice : Chopinot, Régine
Chorégraphe(s) : Chopinot, Régine (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Centre national de la danse
Producteur vidéo : ARP, Compagnie Chopinot (CC Poitou-Charentes)
Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin
KOK
Régine Chopinot crée « K.O.K » en novembre 1988 à la Maison de la culture de La Rochelle, un ballet inspiré de la boxe, sport pour lequel elle se passionne à l'occasion de la diffusion d'émission de vulgarisation par Canal +, jeune chaîne codée à l'image créative. Fascinée tant par la gestuelle de ce sport que par les commentaires qui l'assimilent à la danse, Régine Chopinot entreprend de créer un spectacle à partir de cet univers. Si l'inspiration télévisuelle de cette pièce pourrait paraître anodine, elle n'est pas sans conséquence : la chorégraphie de Régine Chopinot devra beaucoup au mode de réalisation des émissions sportives, toujours à l'avant-garde des progrès techniques en matière audiovisuelle.
Initialement, Régine Chopinot aurait souhaité reconstituer à l'identique un combat de boxe (après avoir aussi imaginé de se servir des gestes de boxe pour pasticher un ballet classique) : la rencontre mythique opposant les boxeurs Sugar Ray Leonard et Marvelous Marvin Hagler à Las Vegas en 1977. Mais elle est rapidement forcée d'y renoncer : « C'était une utopie de croire que nous pourrions y arriver. Un combat n'appartient qu'aux boxeurs. Il est impossible de refaire le match de quelqu'un d'autre. Un combat de boxe n'est pas un ballet que l'on peut transmettre » [1]. Elle prend alors la décision de régler ses propres combats. Pendant deux ans, Chopinot et ses danseurs troquent ainsi les studios de danse pour un gymnase où ils suivent un entraînement soutenu de boxe anglaise auprès d'un entraîneur réputé.
Conçu pour quatre interprètes-boxeurs et un comédien (Jean-Hugues Laleu), les combats de Poids chiche (R. Chopinot), Alonso Plumard (Joseph Lennon), Archie Black (Lee Black) et Boo Bull (Poonie Dudson) se succèdent en douze rounds, sur un ring tournant conçu par Marc Caro et une bande son très soignée signée par André Serré où se greffent bruits de foule (huées, applaudissements...), de match (annonces, sifflets, arbitrages..), air de tango et musique lyrique, interprétée notamment par la soprano Marie Atget. Ces douze rounds farfelus sont déclinés de la façon suivante dans les documents de communication qui accompagnent la pièce :
1er round : un entraineur irremplaçable : Monsieur Benamou dirige l'entraînement intensif de cinq danseurs
2ème round : Duo infernal
3ème round : 3 minutes – 1 minute – 3 minutes – 1 minutes : rituel
4ème round : Décor mythologique d'une arène conçu par Marc Caro : le ring est central
5ème round : Vive Mohamed Ali, adieu la boxe boucherie
6ème round : Tout se joue entre six yeux – Le face à face des boxeurs surveillés par l'arbitre
7ème round : A la recherche du second souffle dans la voix de Marie Atger
8ème round : Etre nu par Jean Paul Gaultier
9ème round : Dans les matchs sans K.O., c'est souvent la reprise décisive
10ème round : La boxe, noble art, tout en dentelles techniques ; impossible d'esquiver l'idée d'un ballet
11ème round : La complicité du son avec André Serré et de la lumière avec Gérard Boucher
12ème round : Dernier round : chorégraphie et mise en scène de Régine Chopinot
Subissant de nombreux revers, l'élaboration de « KOK » relèvera de l'épopée et sa date de création se verra différée de cinq mois, l'obligeant à renoncer à sa programmation au festival Montpellier Danse. Mais ses colossales ambitions seront récompensées et la critique sera unanime pour en saluer le succès. Un clip intitulé « K.O.K [clip] » est réalisé simultanément à sa création par Régine Chopinot, instrument de communication à la mode.
Intervenant à une période où Régine Chopinot est devenue un phénomène médiatique très sollicité, cette création a été le moyen de retrouver la voie de son art comme l'évoque Annie Suquet dans le livre qu'elle lui consacre en 2010 : « Plus secrètement peut-être, l'exercice de la boxe rappelle Chopinot à ce qu'elle attend de la danse et dont elle craint, alors, d'avoir perdu le chemin. Dans la boxe, l'exigence de l'entraînement sollicite les ressources mentales et physiques, de l'individu jusqu'à leurs limites. » [2] A l'occasion de sa création suivante, « ANA » (1990), elle dira dans la presse : « Mes ballets étaient des bûchers où je brûlais ma danse. C'est la boxe qui m'a fait redécouvrir mon corps et le plaisir du mouvement... » [3]
[1] R. Chopinot dans un entretien avec Michel Chemin, « Régine Chopinot, la danse qui fait bing ! », voir dossier d'artiste Régine Chopinot, Médiathèque du CND.
[2] A. Suquet, « Chopinot », Le Mans : Ed. Cénomane, 2010, p. 41.
[3] R. Chopinot citée par Brigitte Hernandez, « La brise Chopinot », Le Point, 5 novembre 1990, n° 946, p. 27.
Dernière mise à jour : février 2013
Chopinot, Régine
Régine Chopinot, née en 1952 à Fort-de-l'Eau en Algérie, est très vite attirée par la danse. Après des cours de danse classique, elle découvre la danse contemporaine avec Marie Zighera en 1974. Devenue lyonnaise, elle y fonde en janvier 1978 sa première compagnie, la Compagnie du Grèbe qui associe danseurs, comédiens et musiciens. Elle signe alors ses premières chorégraphies. Trois ans plus tard, elle reçoit le deuxième prix au Concours chorégraphique international de Bagnolet (Seine-Saint-Denis) pour la pièce « Halley's Comet » (1981) rebaptisée « Appel d'air ».
Ses créations suivantes, « Délices » et « Via », ouvrent la chorégraphie aux apports d'autres médias dont le cinéma. C'est avec « Délices » (1983) que Régine Chopinot commence sa longue collaboration avec le couturier Jean Paul Gaultier, qui marquera l'époque, avec des pièces comme « Le Défilé » (1985), « K.O.K. » (1988), « ANA » (1990), « Saint Georges » (1991) ou « Façade » (1993). Nommée en 1986, directrice du Centre chorégraphique national de Poitou-Charentes à La Rochelle (où elle succède au Théâtre du Silence de Jacques Garnier et Brigitte Lefèvre), qui devient en 1993 le Ballet Atlantique-Régine Chopinot (BARC), Régine Chopinot multiplie les rencontres artistiques : avec des plasticiens comme Andy Goldsworthy, Jean Le Gac ou Jean Michel Bruyère, des musiciens comme Tôn-Thât Tiêt ou Bernard Lubat.
Au début des années 1990, elle quitte – selon son expression – les « espaces de grande légèreté » où, très jeune, elle s'était fait connaître, notamment dans sa collaboration avec Jean Paul Gaultier. Elle se passionne alors pour des expériences de confrontation de la danse contemporaine aux éléments et aux rythmes naturels et de sa mise à l'épreuve de pratiques et de sciences du corps anciennes et complexes, comme le yoga. En 1999, dans le cadre des « artistes associés », Régine Chopinot invite trois personnalités de la danse contemporaine à collaborer pendant trois ans à son projet artistique : Françoise Dupuy, Dominique Dupuy et Sophie Lessard rejoignent l'équipe de danseurs permanents et d'intervenants-chercheurs du BARC, comme interprètes, pédagogues et chorégraphes.
En 2002, elle ouvre le triptyque de la Fin des Temps, une longue remise en cause de l'écriture et de la création chorégraphique conséquente à une mise en crise volontaire des notions générales de temps, de mémoire et de construction. « Chair-obscur », son premier chapitre, est tourné vers un effacement du passé, de la mémoire, et « WHA » vers la disparition du futur. « O.C.C.C. » se préoccupe du « temps qui reste », de ce qu'il reste à faire, ce qui peut être fait encore, à l'endroit simple et essentiel de la représentation. En 2008, « Cornucopiae », la dernière pièce créée au sein de l'institution, signe la fin d'une forme de représentation et ouvre vers une autre proposition de perception sensorielle.
Parallèlement à son travail de chorégraphe, Régine Chopinot collabore en tant qu'interprète avec des artistes qui lui sont proches : Alain Buffard (« Wall dancin' - Wall fuckin' », 2003 ; « Mauvais Genre », 2004), Steven Cohen (« I wouldn't be seen dead in that ! », 2003). Ou encore, elle forme et dirige des danseurs vietnamiens dans le cadre d'une collaboration avec l'École supérieure de danse du Vietnam et l'Opéra-Ballet de Hanoï (« Anh Mat », 2002 ; « Giap Than », 2004). En 2008, la chorégraphe quitte le CCN de La Rochelle et crée la compagnie Cornucopiae - the independent dance, la nouvelle structure qui porte désormais, création et répertoire, tous les travaux de Régine Chopinot. En 2010, elle choisit le port de Toulon pour y vivre et travailler.
Depuis 2009, Régine Chopinot s'aventure, questionne et approfondit sa recherche du corps en mouvement en lien avec la force de la parole auprès de cultures organisées par et sur la transmission orale, en Nouvelle-Calédonie, en Nouvelle-Zélande, au Japon. De nombreux actes artistiques jalonnent ces trois dernières années : pièces chorégraphiques et films réalisés à partir des expériences artistiques In Situ ont été créés dans le cadre du projet Pacifique Sud. La relation privilégiée initiée depuis 2009 avec le groupe du Wetr (Drehu/Lifou), aboutit à la création de « Very Wetr ! » au Festival d'Avignon en juillet 2012, repris au Centre national de la danse en février 2013.
En savoir plus
Dernière mise à jour : février 2013
Chopinot, Régine
KOK
Chorégraphie : Régine Chopinot
Interprétation : Lee Black, Régine Chopinot, Poonie Dodson / Mervyn Francis, Joseph Lennon et Jean-Hugues Laleu
Musique additionnelle : "Zuelgnung" de Richard Strauss soprano Marie Atger pianiste Elizabeth Cooper
Lumières : Gérard Boucher
Costumes : Jean Paul Gaultier
Décors : Marc Caro
Son : André Serré
Autres collaborations : Chant Marie Atger - Piano Denis Dubois - Entraînement Zoubid Benhamou de l'équipe Jean Bretonnel
Durée : 70 minutes
D'autres sources d'informations à propos de « KOK »
Sélection d'articles de presse
- Sylvie de Nussac, "Sauts périlleux et uppercuts", Le Monde, 23 novembre 1988, p. 14.
- Bernard Merigaud, "Combats de KOK et autres histoires", Télérama, 25 mai 1988, p. 16-17.
- Jean-Claude Dienis, "Chopinot : n'être jamais là où l'on m'attend", Danser, novembre 1988, n° 61, p. 44-47.
- Marjorie Alessandrini, "Victoire aux poings", Le Nouvel Observateur, 26 janvier 1989.
- Chantal Noetzel-Aubry, "Régine Chopinot, boxeuse poids danse", La Croix, 23 janvier 1989.
- Jean-Marc Adolphe, "Nous allons gagner ce soir", Vent d'ouest, Maison de la culture de La Rochelle, novembre-décembre 1988, p. 2.
- Jean-François Abet, "Chopinot boxeuse à la vitesse du break", Libération, 17 septembre 1988.
- Chemin Michel, "Chopinot, rounds d'observation", Libération, 4 novembre 1988.
Ressource audiovisuelle
Régine Chopinot, KOK, [s.l.] : ARP ; Cie Chopinot (CC Poitou-Charentes) , 1989, 45 min.
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