Aller au contenu principal

La relecture des œuvres

Maison de la Danse de Lyon 2018 - Réalisateur-rice : Plasson, Fabien

Chorégraphe(s) : Ek, Mats (Sweden) Bourne, Matthew (United Kingdom) Maillot, Jean-Christophe (France) De Groat, Andy (United States) Hoghe, Raimund (Germany) Orlin, Robyn (South Africa)

en fr
02:29

Giselle

Chauviré, Yvette (Italy)

02:53

Giselle

Ek, Mats (Sweden)

02:51

Swan Lake

Makarova, Natalia (France)

Maison de la Danse de Lyon 2010 - Réalisateur-rice : Picq, Charles

Chorégraphe(s) : Makarova, Natalia (Russian Federation) Ivanov, Lev (Russian Federation) Petipa, Marius (France)

Producteur vidéo : Maison de la Danse de Lyon

Vidéo intégrale disponible à la Maison de la danse de Lyon

Découvrir l'œuvre dans la vidéothèque
03:01

Swan Lake

Bourne, Matthew (United Kingdom)

03:07

Swan Lac

De Groat, Andy (France)

03:00

Swan Lake

Hoghe, Raimund (Swan Lake)

Maison de la Danse de Lyon

Chorégraphe(s) : Hoghe, Raimund (Germany)

Producteur vidéo : Maison de la Danse

Vidéo intégrale disponible à la Maison de la danse de Lyon

Découvrir l'œuvre dans la vidéothèque

La relecture des œuvres

Maison de la Danse de Lyon 2018 - Réalisateur-rice : Plasson, Fabien

Chorégraphe(s) : Ek, Mats (Sweden) Bourne, Matthew (United Kingdom) Maillot, Jean-Christophe (France) De Groat, Andy (United States) Hoghe, Raimund (Germany) Orlin, Robyn (South Africa)

Auteur : Anne Décoret-Ahiha

en fr

Découvrir

Le Lac des cygnes et Giselle font partie des grands ballets du répertoire chorégraphique qui, bien que crées au XIXème siècle, continuent d’être dansés dans le monde entier. Des chorégraphes ont entrepris de les revisiter pour en livrer une interprétation toute personnelle, parfois très éloignée de l’original.

Cette démarche doit beaucoup à l’essor de la danse contemporaine qui promeut l’idée d’une danse d’auteur, affirmant un langage chorégraphique singulier, propre à chaque artiste.

Ces relectures, aussi décalées puissent-elles être, contribuent assurément à faire vivre le répertoire chorégraphique, et à l’enrichir. Elles attestent que les œuvres dont elles s’emparent traitent de thèmes majeurs, qui se prêtent à de multiples angles de vue.

Description

Giselle - Adolphe Adam

Giselle, c’est l’histoire d’une jeune paysanne qui, trahie par l’homme qu’elle aime, perd la raison et meurt. Comme les jeunes filles mortes avant leurs noces, Giselle se réincarne alors en Willi, ces êtres fantomatiques qui ressurgissent la nuit et se vengent des hommes.

Crée en 1841 par Jean Coralli et Jules Perrot, de l’Opéra de Paris, Giselle est un ballet pantomime. Il comporte des scènes non dansées mais mimées qui ont pour vocation de faire progresser la narration. C’est le cas de cet extrait, tiré de la version classique remaniée par Yvette Chauviré pour la Scala.

Giselle - Mats Ek

Dans la relecture de Mats Ek, pas de gestes codifiés ou de pantomime. Giselle tente, avec la maladresse du désespoir, d’étreindre l’homme qu’elle aime. Sa raison vacille. Elle s’enferme dans des mouvements répétitifs, s’isole dans une danse de furie.

Le chorégraphe suédois Mats Ek a transposé l’action dans un contexte plus récent et plus réaliste. L’univers fantastique du Ballet de Jean Coralli et Jules Perrot se mue ici en étude de l’aliénation mentale. Dans cette version, Giselle ne meurt pas mais sombre dans la folie et est internée dans un asile psychiatrique. Les blancs tutus des Willis font alors place aux camisoles de force.

Le Lac des cygnes – Ballet de Perm

Le Lac des Cygnes propose aussi des dénouements différents, selon l’une ou l’autre des versions représentées. Et elles sont nombreuses ! Ici, L’Opéra National de Perm présente la version de Makarova.

Arrivé à sa majorité, le prince Siegfried doit choisir une fiancée. Un soir, au bord d’un lac, il s’éprend d’une jeune femme cygne, Odette, victime d’un sort du sorcier Rothbart. Apprenant que seul un amour éternel la délivrera de ce sortilège, le prince lui jure fidélité. Mais le sorcier Rothbart, bien décidé à compromettre ce plan, présente au prince sa fille Odile - le cygne noir - à qui il a donné les traits d’Odette. Croyant reconnaître celle dont il est amoureux, Siegfried la désigne comme sa future épouse et trahit, sans le savoir, sa bien aimée.

Swan Lake - Matthew Bourne

Dans la relecture de Matthew Bourne, le cygne a pris des atours masculins et le corps de ballet, exclusivement composé d’hommes, a troqué le tutu vaporeux pour un pantalon de plumes. Ces cygnes se révèlent à la fois sensuels, virils et menaçants. Car l’émoi du prince, séduit par le cygne, s’accompagne d’une troublante révélation : celle de son homosexualité.

Ce ballet met davantage l’accent sur la solitude du personnage principal, incompris, prisonnier des charges qui incombent à son statut de prince. Le cygne représente à la fois le désir et l’angoisse du prince à affirmer sa différence.

Cette relecture de Matthew Bourne fut remarquée pour son audace. Pourtant quelques années plus tôt, Rudolph Noureev avait déjà proposé une version de ce ballet dans laquelle il suggérait l’homosexualité refoulée du prince.

Lac - Jean-Christophe Maillot

Chez Jean-Christophe Maillot, c’est le sujet même de l’histoire qui est tout autre. Car, dit-il, « Le Lac, soit on le détourne, soit on le subvertit, soit on l’attaque frontalement ». Choisissant la troisième option, il a fait appel au dramaturge Jean Rouaud qui a tiré de l’histoire originelle un récit cosmogonique. Les cygnes se répartissent en deux forces rivales : le jour et la nuit, la vie et la mort, l’animalité et l’humanité. Et si le Blanc et le Noir sont dansés par deux interprètes distinctes, c’est pour montrer que l’un et l’autre portent en eux une dualité. Rothbart est ici représenté sous des traits féminins. Et chose rare, la métamorphose de la femme en cygne est signifiée chorégraphiquement.

Swan lac – Andy Degroat

De prince, d’oiseaux et de sortilège, il n’est plus vraiment question ici. Certains chorégraphes se sont davantage emparés du Lac des Cygnes en tant que monument de l’art chorégraphique. Emblème du classicisme, le « Lac » se révèle être vecteur de significations sociales et politiques.

En contrepoint de la partition de Tchaïkovski Andy Degroat a par exemple choisi une musique rock. Un trio de danseurs personnifiant à lui seul les cygnes arpente le plateau dans une marche géométrique, répétitive, tout en voltes face et pivots. Leur danse n’a rien d’illustratif. Elle s’articule avec l’impulsion musicale en usant d’emprunts au vocabulaire académique : grands jetés, tours, ports de bras. Par sa radicalité, son langage parfois minimaliste, le chorégraphe américain livre ainsi une relecture « post moderne » du « Lac » qui désorienta le public balletomane.

Swan Lake - Raimund Hoghe

Au Swan Lake de Raimund Hoghe, une partie des spectateurs manifesta la même incompréhension et quitta la salle en plein spectacle. Car le chorégraphe allemand a conçu une version très essorée du ballet, autour d’images symboliques qui opèrent par effet de contraste entre la puissance émotionnelle de la musique et la quasi inaction des interprètes. Comme ici, dans ce porté entre le prince et le cygne, où se révèle l’impossibilité de leur relation.

Jeune, Hogue a rêvé de danser le « Lac » mais la nature lui a jeté un mauvais sort en le dotant d’un corps difforme. Il en fait alors le sujet d’un questionnement autour des idéaux et normes de beauté et met en scène les corps de danseurs prestigieux auquel il confronte le sien.

Daddy, I've seen this piece six times before and I still don't know why they're hurting each other... - Robyn Orlin

Vecteur d’un idéal esthétique, le Lac des cygnes renvoie aussi en tant qu’œuvre d’art à la culture occidentale blanche. C’est à ce titre que Robyn Orlin s’en saisit, pour décrire la société sud africaine dont elle est originaire. Dans cette pièce, la chorégraphe ne procède pas à une véritable relecture du ballet mais l’utilise comme évocation de la suprématie blanche sous le régime de l’Apartheid. La danseuse noire se saupoudre de farine pour dissimuler sa couleur d’origine espérant peut-être faire partie du cortège des cygnes blancs.

Approfondir

Ouvrage

DOLFUS, Ariane. Noureev : l'Insoumis. Paris : Flammarion, 2007. 531 p. (Biographies, Me).

Articles et revues

« Giselle », in L'Avant-scène : Ballet danse, n° 1, numéro thématique, Paris, L’Avant-scène, 1980. 178 p.

MARMIN, Olivier. « Carlotta et Giselle : une interprète et son rôle », in Lunes, n° 14, Arles, éd. Lunes, janvier 2001. p. 66 – 74.

PIOLLET, Wilfride, GLON, Marie. « Corps de cygnes. », in Repères – Cahier de danse, n°24, Vitry-sur-Seine, La Briqueterie/CDC du Val-de-Marne, novembre 2009. p. 3-8.

Autres relectures

Giselle

- G, Garry Steward, Austrian Dance Theater, 2008.

- Giselle ou le mensonge romantique, Maryse Delente, Ballet du Nord, 1995

- Giselle Créole, Frederic Franklin, Dance Theatre of Harlem, 1984.

- Pour Giselle, Michel Hallet Eghayan, 1982.

Le Lac des Cygnes

- Illusions – comme un Lac des cygnes, John Neumeier, Ballet de Hambourg, 1976

- Le Lac des cygnes, Bertrand d'At, Ballet de l'Opéra national du Rhin, 1998.

- Svansjön, Mats Ek, Ballet Cullberg, 1987.

Auteur

Anne Décoret-Ahiha est anthropologue de la danse, docteur de l'Université Paris 8. Conférencière, formatrice et consultante, elle développe des propositions autour de la danse comme ressource pédagogique et conçoit des processus participatifs mobilisant la corporéité. Elle anime les « Échauffements du spectateur » de la Maison de la Danse.

Générique

Sélection des extraits

Olivier Chervin

Textes et sélection de la bibliographie

Anne Décoret-Ahiha

Production

Maison de la Danse

Le Parcours "La relecture des œuvres" a pu voir le jour grâce au soutien du Secrétariat général du Ministère de la Culture et de la Communication - Service de la Coordination des politiques Culturelles et de l'Innovation (SCPCI)

Votre avis nous intéresse
En naviguant sur ce site, vous reconnaissez et acceptez l'usage de cookies pour faciliter votre navigation.
Vous pouvez bloquez ces cookies en modifiant vos paramètres de sécurités de votre navigateur ou en cliquant surce lien.
J'accepte En savoir plus