ANA
1991 - Réalisateur-rice : ANA
Chorégraphe(s) : Chopinot, Régine (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Centre national de la danse
Producteur vidéo : Compagnie Chopinot
ANA
1991 - Réalisateur-rice : ANA
Chorégraphe(s) : Chopinot, Régine (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Centre national de la danse
Producteur vidéo : Compagnie Chopinot
Ana
Régine Chopinot crée « ANA » le 12 octobre 1990 à La Coursive de La Rochelle en vue du championnat du monde d'échecs qui se déroulera à Lyon un mois plus tard. Inspiré du personnage d'Alice dans la suite de ses aventures au Pays des merveilles – « De l'autre côté du miroir » –, « ANA » est construit en deux parties dont un entracte, un rythme à l'image de son écriture : A – N – A : « A l'envers, l'endroit, deux A bien distincts, qui disjonctent autour d'un même fusible N, comme e N tr'acte. » [1] Avec dix-neuf interprètes costumés par Jean Paul Gaultier, une musique originale composée par Cyril de Turckheim et un dispositif scénique complexe, c'est une pièce monumentale que la chorégraphe rochelaise propose, déjà nourrie de sa lecture des écrits de l'historien d'art lituanien Jürgis Baltrusaitis portant précisément sur les anamorphoses et la catoptrique (science des miroirs).
La première partie d'« ANA » s'ouvre sur un échiquier de verre géant imaginé par Marc Caro et élaboré en complicité avec la décoratrice Danka Semenowicz, permettant à une soixantaine de spectateurs de se glisser dessous pour adopter un point de vue inédit sur la danse. Les interprètes vêtus de combinaisons respectivement rouges à pois blancs, et blanches à étoiles rouges, casqués, s'affrontent en deux camps, dessinant le début d'une partie d'échecs, que Régine Chopinot met savamment au point avec l'aide du joueur rochelais Christian Macheteau. L'atmosphère est celle d'un combat (alarmes, tirs, mises à mort... ). Les pions se dédoublent dans le tain du miroir ou le reflet du plateau grâce au travail de l'éclairagiste Gérard Boucher, brouillant les repères, les frontières entre l'illusion et la réalité dont le corps reste le trait d'union.
Dans le second volet du spectacle, c'est la partie en onze coups de Lewis Carroll qui est mise en mouvement par une armée d'Alice en baskets blanches, tutus roses à chasuble croisée, marinières et perruques roses, et qui constitue une introduction à l'univers onirique de l'héroïne. Sur un mode kaléidoscopique, les individualités sont dissoutes, démultipliées à l'envi évoquant tour à tour Bubsy Berkeley, le carrousel militaire ou les corps de ballets classiques.
Portée par la vague du succès de « KOK » (1988) sa précédente pièce, « ANA » est accueillie avec enthousiasme. Avec cette première pièce sans comédien depuis « Appel d'air », Régine Chopinot renoue avec la forme classique. De son propre aveu, il s'agit de revenir à la danse « pure » qu'elle a paradoxalement redécouverte en se confrontant à l'univers de la boxe dont elle s'est inspiré pour son spectacle précédent : « Après “KOK”, on ne pouvait pas aller plus loin dans la déconstruction. C'est à travers le corps travaillé par “KOK” que j'ai retrouvé ma danse. » [2]
[1] Document de présentation de la pièce, Centre chorégraphique de Poitou-Charentes, La Rochelle, 1990.
[2] Interview avec M.-C. Vernay, « Dix-neuf kikis sur un échiquier-miroir », Libération, 1er novembre 1990, n° 1280.
Dernière mise à jour : février 2013
Chopinot, Régine
Régine Chopinot, née en 1952 à Fort-de-l'Eau en Algérie, est très vite attirée par la danse. Après des cours de danse classique, elle découvre la danse contemporaine avec Marie Zighera en 1974. Devenue lyonnaise, elle y fonde en janvier 1978 sa première compagnie, la Compagnie du Grèbe qui associe danseurs, comédiens et musiciens. Elle signe alors ses premières chorégraphies. Trois ans plus tard, elle reçoit le deuxième prix au Concours chorégraphique international de Bagnolet (Seine-Saint-Denis) pour la pièce « Halley's Comet » (1981) rebaptisée « Appel d'air ».
Ses créations suivantes, « Délices » et « Via », ouvrent la chorégraphie aux apports d'autres médias dont le cinéma. C'est avec « Délices » (1983) que Régine Chopinot commence sa longue collaboration avec le couturier Jean Paul Gaultier, qui marquera l'époque, avec des pièces comme « Le Défilé » (1985), « K.O.K. » (1988), « ANA » (1990), « Saint Georges » (1991) ou « Façade » (1993). Nommée en 1986, directrice du Centre chorégraphique national de Poitou-Charentes à La Rochelle (où elle succède au Théâtre du Silence de Jacques Garnier et Brigitte Lefèvre), qui devient en 1993 le Ballet Atlantique-Régine Chopinot (BARC), Régine Chopinot multiplie les rencontres artistiques : avec des plasticiens comme Andy Goldsworthy, Jean Le Gac ou Jean Michel Bruyère, des musiciens comme Tôn-Thât Tiêt ou Bernard Lubat.
Au début des années 1990, elle quitte – selon son expression – les « espaces de grande légèreté » où, très jeune, elle s'était fait connaître, notamment dans sa collaboration avec Jean Paul Gaultier. Elle se passionne alors pour des expériences de confrontation de la danse contemporaine aux éléments et aux rythmes naturels et de sa mise à l'épreuve de pratiques et de sciences du corps anciennes et complexes, comme le yoga. En 1999, dans le cadre des « artistes associés », Régine Chopinot invite trois personnalités de la danse contemporaine à collaborer pendant trois ans à son projet artistique : Françoise Dupuy, Dominique Dupuy et Sophie Lessard rejoignent l'équipe de danseurs permanents et d'intervenants-chercheurs du BARC, comme interprètes, pédagogues et chorégraphes.
En 2002, elle ouvre le triptyque de la Fin des Temps, une longue remise en cause de l'écriture et de la création chorégraphique conséquente à une mise en crise volontaire des notions générales de temps, de mémoire et de construction. « Chair-obscur », son premier chapitre, est tourné vers un effacement du passé, de la mémoire, et « WHA » vers la disparition du futur. « O.C.C.C. » se préoccupe du « temps qui reste », de ce qu'il reste à faire, ce qui peut être fait encore, à l'endroit simple et essentiel de la représentation. En 2008, « Cornucopiae », la dernière pièce créée au sein de l'institution, signe la fin d'une forme de représentation et ouvre vers une autre proposition de perception sensorielle.
Parallèlement à son travail de chorégraphe, Régine Chopinot collabore en tant qu'interprète avec des artistes qui lui sont proches : Alain Buffard (« Wall dancin' - Wall fuckin' », 2003 ; « Mauvais Genre », 2004), Steven Cohen (« I wouldn't be seen dead in that ! », 2003). Ou encore, elle forme et dirige des danseurs vietnamiens dans le cadre d'une collaboration avec l'École supérieure de danse du Vietnam et l'Opéra-Ballet de Hanoï (« Anh Mat », 2002 ; « Giap Than », 2004). En 2008, la chorégraphe quitte le CCN de La Rochelle et crée la compagnie Cornucopiae - the independent dance, la nouvelle structure qui porte désormais, création et répertoire, tous les travaux de Régine Chopinot. En 2010, elle choisit le port de Toulon pour y vivre et travailler.
Depuis 2009, Régine Chopinot s'aventure, questionne et approfondit sa recherche du corps en mouvement en lien avec la force de la parole auprès de cultures organisées par et sur la transmission orale, en Nouvelle-Calédonie, en Nouvelle-Zélande, au Japon. De nombreux actes artistiques jalonnent ces trois dernières années : pièces chorégraphiques et films réalisés à partir des expériences artistiques In Situ ont été créés dans le cadre du projet Pacifique Sud. La relation privilégiée initiée depuis 2009 avec le groupe du Wetr (Drehu/Lifou), aboutit à la création de « Very Wetr ! » au Festival d'Avignon en juillet 2012, repris au Centre national de la danse en février 2013.
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Dernière mise à jour : février 2013
ANA
ANA
Chorégraphie : Régine Chopinot
Interprétation : John Bateman, Joanna Blake, Jeannette-Carol Brooks, Boris Charmatz, Philippe Combes, Bertrand Davy, Jacqueline Fischer, Georgette Louison Kala-Lobe, Myriam Lebreton, Anne-Karine Lescop, Samuel Letellier, Maria-Jesus Lorrio, Vojta Pavlicek, Marianne Rachmul, Monet Robier, Manuel Rodriguez, Catherine Savy, Lin-Guang Song, Eric Ughetto
Texte : Alexandre Reverend
Musique originale : Cyril de Turckheim - chœurs Maîtrise de garçons du Conservatoire de Tours
Lumières : Gérard Boucher
Costumes : Jean Paul Gaultier - réalisation Les Ateliers du Costume
Décors : Danka Semenowicz
Autres collaborations : Son André Serré
Ressources complémentaires à propos d'« Ana »
Sélection d'articles de presse
- Jean-Claude Dienis, "Régine Chopinot : priorité aux danseurs", Danser, octobre 1990, n° 82.
- Marie-Christine Vernay, "Dix-neuf kikis sur un échiquier-miroir", Libération, 1er novembre 1990, n° 1280.
- Hervé Gauville, "Les dessous d'Ana", Libération, 13 novembre 1990.
- Chantal Aubry, "Alice au Pays des échecs", La Croix, 17 novembre 1990.
- Gérard Mannoni, "Régine Chopinot à travers le miroir", Le Quotidien de Paris, 13 novembre 1990.
- Gérard Mannoni,"Alice et Régine", Le Quotidien de Paris, 17 novembre 1990.
- Brigitte Hernandez, "La brise Chopinot", Le Point, 5 novembre 1990, n° 946, p. 27.
Ressources audiovisuelles
Cie Régine Chopinot, Ana, [s.l.] : Cie Régine Chopinot ; Alain Renault Production, 1991, 52 min.
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