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Le Cantique des Cantiques - Création à la Maison

Le Cantique des Cantiques - Création à la Maison

Le Cantique des Cantiques

Pour cette nouvelle création, Abou Lagraa s’associe à un metteur en scène sans concession, Mikaël Serre et c’est une première dans son parcours chorégraphique. Avec elle, il opère un tournant car il veut revenir à son écriture originelle — celle de Nuit blanche et Cutting Flat, sans mélange des genres ni hip hop, avec des danseurs de haut niveau, capables de s’investir. Le virage est pris aussi avec cette décision de créer à partir d’un texte et avec un metteur en scène impliqué dans la structure narrative. "J’ai toujours travaillé dans l’abstraction et aujourd’hui, je trouve plus enrichissant de chorégraphier à partir d’un texte, avec la chronologie d’une narration qui m’aide à m’exprimer de manière plus profonde. Mais ce n’est pas facile, il faut trouver l’équilibre entre la danse et la parole. Et ce n’est pas du théâtre non plus, même s’il y a deux comédiennes. Ici on est dans quelque chose de plus libre. " 

Conçue comme la première d’un cycle de trois pièces, Le Cantique des Cantiques questionne le sens du mot amour, dans le couple, mais surtout envers les autres dans notre société actuelle. Elle questionne l’identité sexuelle, la place de la femme, l’intolérance, des sujets que le chorégraphe a déjà abordés, retravaillés au prisme de la maturité. "Je me sens mieux pour creuser ces sujets qui me passionnent, certains sont mis en regard avec les événements d’aujourd’hui, ce monde devenu fou par la montée de l’intégrisme. Je suis d’obédience musulmane et il me semblait intéressant de travailler sur ce texte qui vient de la Bible et de la Torah. Quelle ouverture d’esprit que d’avoir intégré dans ces livres sacrés des textes érotiques, sensuels, écrits il y a deux mille ans, car l’on sait bien que la religion censure le plaisir." Pour Mikaël Serre, le contexte religieux était différent : "La religion n’était pas encore constituée, rigide comme aujourd’hui. On retrouve la source. Le texte témoigne d’un passé archaïque mais généreux, avec des sentiments rendus visibles, tels l’amour et la sexualité, avec cette recherche de sens, la question de l’inconnu, de Dieu. Ces gens avaient un message à faire passer à la génération future, mais l’ouverture possible n’a pas été suivie, c’est une évidence." 

Une culture détruite par le fanatisme religieux, le refus d’une société où les religions dialoguent, l’homosexualité sur laquelle certains crachent tandis qu’ils n’assument pas la leur, les frustrations sexuelles, l’homme qui a peur du corps de la femme, la régression d’une société, les droits de l’être humain... Abou Lagraa veut parler de tout cela et Le Cantique lui permet une double lecture. Et puis l’amour, qui n’est pas forcément beau, révélant de la violence, exigeant l’engagement. Le fil conducteur, ce sont trois duos différents inspirés par les thèmes du poème. "Ils m’ont permis de travailler sur les notions de fusion, d’ambiguïté, le dédoublement homme/femme, le lyrisme, l’opposition pudeur et érotisme, la parité du désir, la transformation des états, la séparation, l’apaisement, la solitude. À l’intérieur de cette structure, émergent les situations sociétales." 

Le théâtre de Mikaël Serre est à l’opposé de la danse du chorégraphe : ancré dans le réel, dérangeant et qui refuse l’esthétisme. Il se retrouve pour la première fois avec une équipe, un artiste exigeant et sans texte théâtral. Si le challenge les terrorise, ils se réjouissent pourtant de cet espace commun qui les amène à faire bouger leur propre vision artistique. "Cet antagonisme dans nos démarches respectives perturbe, dit Abou Lagraa. Mais il nous permet aussi de nous soutenir mutuellement pour aller chacun dans la direction de l’autre et cela apporte beaucoup de force. Avec lui, j’apprends à ne pas lâcher l’idée qui pourrait déranger. Il y a par exemple une scène que je n’aurais pas menée jusqu’au bout si j’avais été seul." "Ses propositions, ajoute Mikaël, m’ont permis de travailler sur comment se fait le dialogue entre la composition et l’espace et de chercher à l’intérieur ce que pouvaient proposer les deux comédiennes." 

Après deux ans de travail, Abou Lagraa se dit profondément bouleversé par ce texte pour se retrouver au service d’un poème et d’une création : "Sa simplicité apparente cache une grande complexité qui nous a entraînés très loin dans nos recherches, comme si c’était lui qui décidait de là où nous devions aller. Le chemin ouvert fût épuisant et passionnant, nous ramenant sans cesse au monde d’aujourd’hui, entre cruauté et espoir." 


Source : Martine Pullara - Programme Maison de la Danse


En savoir plus : www.aboulagraa.fr

Lagraa, Abou

Né à Annonay, c’est à l’âge de 16 ans qu’Abou Lagraa prend son premier cours de danse. Une porte ouverte par le jazz… C’est le coup de foudre immédiat, la danse devient sa forme d’expression première, du jazz au classique puis à la danse contemporaine, puisqu’il sort du Conservatoire national Supérieur de Musique et de Danse de Lyon. Comme sa danse, tout s’accélère pour Abou qui de 1992 à 1996, danse aux côtés de Rui Horta et du SOAP Dance Theater Frankfurt en Allemagne. Il devient son assistant à la chorégraphie pour le Ballet du Gulbenkian de Lisbonne. Un début de carrière européenne qui lui donne aussi une façon d’envisager, de manière très différente du modèle français, le mode économique d’une compagnie ; ouverte sur le partenariat et le mécénat privé.     

Le danseur est très vite remarqué pour son énergie, sa virtuosité et sa musicalité. Porté par une critique et des professionnels unanimes, il crée en 1997 sa compagnie qu’il nomme La Baraka (la chance, en arabe) car il estime « avoir eu la chance de rencontrer les bonnes personnes au bon moment ». En 1998, il crée sa première pièce Violatus, tourbillon de duos intimes et de scènes de groupes enlevées, portés par un bouquet de danseurs en violet et rouge profond, salué par la critique et les professionnels. Suivent à un rythme intense : Kraft (1999), Nuit Blanche (2000)… Pièces après pièces, l’écriture chorégraphique s’enrichit devient plus ample et se confronte à d’autres univers. Il réussit de manière innovante une vraie rencontre, entre la danse hip-hop et sa danse contemporaine. Passage un trio d’hommes « choc » en janvier 2000, puis Allegoria Stanza en 2002, où ces trois danseurs hip-hop et les sept danseurs contemporains de sa compagnie sont mis face à une matière de base : le style Abou Lagraa pour mieux recréer une énergie propre et fulgurante. La pièce est lumineuse

La Baraka est désormais sur orbite. Abou Lagraa enferme ses danseurs dans un appartement Cutting Flat (2004), puise dans l’intime et l’épuisement Où Transe (2005) et enchaîne les résidences. À Bonlieu - Scène nationale d’Annecy comme artiste associé de 2004 à 2008, au Théâtre des Gémeaux - Scène nationale de Sceaux de 2009 à 2014, puis à la Maison de la Danse de Lyon en 2015. En 2009, le prix du meilleur danseur international est décerné à Abou Lagraa par le Movimento Dance Prize à Wolfsburg. 

Abou est aussi sollicité pour créer des pièces pour de grandes compagnies néo-classiques prestigieuses. Fly Fly en 2001 avec le ballet Lorraine, en 2006 Le Souffle du Temps pour le ballet de l’Opéra national de Paris avec 21 danseurs. La dernière en date, est une petite merveille, Wahada pour les 22 danseurs du ballet du Grand théâtre de Genève (2019). 

La Baraka à deux, évolution, ébullition ! En 2006, Nawal Lagraa Aït Benalla entre à La Baraka par le biais d’une audition. C’est la rencontre de deux artistes de double culture dont les différences, vont les faire évoluer. Sous l’influence de Nawal, La Baraka se transforme car Abou renoue avec ses origines et prend de plus en plus de plaisir à transmettre le matériau chorégraphique qu’il a accumulé, à ses danseurs, mais aussi aux amateurs. À partir de 2009, il opère un double retour aux sources. D’abord de l’autre côté de la Méditerranée, avec l’aventure du Ballet Contemporain d’Alger et la pièce Nya, pour laquelle le chorégraphe reçoit le prix de la meilleure chorégraphie de l’année par le Syndicat de la Critique en 2011.

En février 2018, La Baraka s'implante à Annonay (en Ardèche) dans la Chapelle Sainte-Marie qui, dans l’esprit d’une « Villa Médicis » pour la danse, devient un lieu d’accueil en résidence pour des chorégraphes français et internationaux. Abou et Nawal Lagraa décident, ensemble, de codiriger La Baraka et le Studio Chorégraphique Chapelle Sainte-Marie.

En 2019, Les Lagraa & Les Fondations Edmond de Rothschild élaborent le programme Premier(s) Pas qui propose un accompagnement sur-mesure à 360° destiné à des danseurs professionnels. En découlera en 2020, la création Premier(s) Pas sur les 8 lauréats du programme.

En 2023 et pour la première fois, Abou Lagraa se verra confier la mise en scène et la chorégraphie d’Orphée et Eurydice de Gluck pour l’Opéra de Sarrebruck en Allemagne.

2020 - Premier(s) Pas, de Nawal Lagraa Aït Benalla (volet 1) & d’Abou Lagraa (volet 2)

2018 - Wahada pour les 22 danseurs de Ballet du Grand Théâtre de Genève

2017 - Wonderful One, première au Festival Oriente/Occidente, Rovereto (Italie)

2017 - Dakhla, première à Suresnes Cité Danse 2017

2015 - Le Cantique des cantiques, première à la Maison de la Danse de Lyon

2013 - El Djoudour pour l’ouverture de Marseille – Provence 2013, capitale européenne de la Culture

2012 - Univers…l’Afrique pour les Gémeaux Scène Nationale de Sceaux

2010 - Nya pour le Ballet Contemporain d’Alger

2010 - Un Monde en Soi avec le Quatuor Debussy

2009 - Cérémonie de clôture du Festival Panafricain à Alger (Algérie)

2008 - Everyone's one pour le Memphis Ballet (USA)

2008 - D'Eux Sens

2007 - Nawal (ou l’offrande) pour le Centre Méditerranéen de Danse Contemporaine de Tunis

2007 - My Skin pour la Hochschule de Francfort

2007 - Matri(K)is

2006 - Le Souffle du Temps pour les étoiles (Marie-Agnès Gillot, Manuel Legris et Wilfried Romoli) et le Ballet de l’Opéra de Paris

2006 - Le Pas Suspendu avec l'Orchestre des Pays de Savoie « La Jeune Fille et La Mort » (Schubert) et les « Trois Tempéraments » (Hindemith) 

2006 - R.B.V.B.

2005 - Où Transe

2004 - Cutting Flat

2003 - Leïla pour l’école supérieure du Centre de Danse Contemporaine d’Angers

2002 - Allegoria Stanza

2001 - Fly, Fly au CCN Ballet de Lorraine (au répertoire de l’ABC Dance Company - Saint Pölten, Autriche)

2000 - Nuit Blanche

2000 - Passage

1999 - Kraft

1998 - Violatus

1998 - Les 2

Plasson, Fabien

Fabien Plasson est réalisateur, principalement dans le domaine du spectacle vivant (danse, musique, etc.).

C’est au cours de sa formation à l’École Nationale Supérieur des Beaux-Arts de Lyon qu’il intègre en 1995 que Fabien découvre l’art vidéo. Il se forme alors auprès de divers artistes vidéastes (Joël Bartoloméo, Pascal Nottoli, Eric Duyckaerts, etc).
Son approche s’inscrit d’abord dans une recherche plastique avec la création d’installations et d’objets filmiques.

En 2001, il rejoint l’équipe de la Maison de la Danse de Lyon et s’occupe durant 10 ans de la programmation du Vidéo-Bar Ginger&Fred. Il découvre alors l’univers chorégraphique et les enjeux de la vidéo pour la diffusion et la transmission de la danse aux côtés de Charles Picq alors vidéaste et directeur du service vidéo de la Maison de la Danse.

En parallèle, il continue son activité de création plastique, réalise des vidéos de concerts, de pièces de théâtre et crée également des décors vidéos pour le spectacle vivant.

Aujourd’hui, Fabien Plasson est réalisateur vidéo au Pôle Image de la Maison de la Danse de Lyon et pour Numeridanse.tv, vidéothèque internationale de danse en ligne.


Source : Maison de la Danse, Fabien Plasson

Le Cantique des Cantiques

Chorégraphie : Abou Lagraa

Interprétation : Pascal Beugré-Tellier, Ludovic Collura, Saül Dovin, Diane Fardoun, Charlotte Siepiora, Antonia Vitti, avec les comédiennes Gaïa Saitta et Maya Vignando

Mise en scène : Mikaël Serre

Scénographie : LFa – Looking for architecture

Texte : Olivier Cadiot et Michel Berder – Édition Bayard

Musique originale : Olivier Innocenti

Conception vidéo : Giuseppe Greco

Lumières : Fabiana Piccioli

Costumes : Carole Boissonet

Direction technique : Antoine de Gantho

Production / Coproduction de l'œuvre chorégraphique : Cie La Baraka, Maison de la Danse de Lyon,

Production / Coproduction de l'œuvre vidéo : Movimentos Festival Weeks oh the Autostadt 2016, Wolfsburg, Allemagne, Le Grand Théâtre de Provence d’Aix-en-Provence, Le Théâtre National de Chaillot, Les Gémeaux – Scène Nationale de Sceaux, Bonlieu Scène nationale Annecy, Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne / Compagnie Käfig - direction Mourad Merzouki dans le cadre de l’accueil studio

Création à la Maison

Cette série a été imaginée par le pôle image de la Maison de la Danse de Lyon. Le réalisateur Fabien Plasson y interroge les différents artistes chorégraphes invités en résidence dans les murs du théâtre. 

Ces temps de paroles et images de répétition au plateau permettent aux spectateurs d’aborder le spectacle sous un autre angle : celui de sa création, des différents processus par lesquels passent les créateurs, des tremplins ou des freins qu’ils rencontrent sur leur chemin.


Source : Maison de la Danse de Lyon

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